Egypte : Les autorités doivent condamner et enquêter sur l'exécution de 109 manifestants par l'armée et la police
Au moins cent neuf manifestants ont été abattus par l'armée et la police égyptiennes lors de manifestations qui ont eu lieu du 3 au 8 juillet 2013. Les tirs les plus mortels se sont produits à l'aube du 8 juillet 2013 lors d'un sit-in organisé à l'entrée des bâtiments de la garde présidentielle, avec 78 victimes établies, tuées par les forces de sécurité. Très préoccupée par cette intolérable violation du droit à la vie, Alkarama a demandé aujourd'hui aux Nations Unies de condamner fermement ces exécutions et d'exiger des autorités militaires égyptiennes de mettre un terme à de telles violations. Le gouvernement de transition a le devoir de garantir des enquêtes rapides et impartiales afin d'établir les responsabilités dans ces affaires d'exécutions et de poursuivre les auteurs.
« Les droits de l'homme sont universels. Toute violation de ces droits et notamment du droit à la vie, doit être dénoncée et condamnée, quelle que soit l'identité de la victime et en-dehors de toute considération idéologique ou politique », a déclaré Rachid Mesli, directeur du département juridique d'Alkarama.
La semaine dernière, Ahmed Mefreh, représentant d'Alkarama au Caire, a visité plusieurs lieux de manifestations et divers hôpitaux publics pour recueillir des informations et témoignages concernant des affaires d'exécutions extrajudiciaires menées par les forces armées et la police égyptiennes.
Selon les informations recueillies, au moins 109 manifestants ont été tués par balle par l'armée et la police du 3 au 8 juillet dans les villes de Marsa Matruh, Ismaïlia, Alexandrie, Caire et El-Arich.
3 juillet 2013 : quatre manifestants tués par les forces militaires dans la rue Al-Kornish, à Marsa Matruh.
4 juillet 2013 :
- 2 personnes abattues par les forces militaires du troisième régiment de terrain en uniforme devant le bâtiment officiel du gouvernorat d'Ismaïlia, à Ismaïlia.
-3 personnes abattues par les forces militaires lors d'une manifestation organisée devant le bâtiment officiel du gouvernorat d'El-Arich.
5 juillet 2013 :
- 12 personnes abattues par la police militaire, dans la zone militaire au nord de Sidi Gaber, à Alexandrie.
- 4 individus abattus par les forces et la police militaires en uniforme sur la corniche devant le bâtiment des gardes républicains au Caire.
- 5 individus abattus par des forces de police en uniforme lors d'une manifestation à Maspero au Caire.
7 juillet 2013 : un individu abattu par des forces de police en uniforme lors d'une manifestation devant le bâtiment officiel du gouvernorat d'El-Arich.
8 juillet 2013 – la fusillade la plus mortelle perpétrée par l'armée égyptienne depuis le coup d'État du 3 juillet.
Depuis le coup d'état militaire du 3 juillet, de nombreux sympathisants du président évincé, Mohamed Morsi se sont rassemblés devant la Garde républicaine dans la partie est du Caire, où il serait détenu. Le lundi 8 juillet 2013, à 3 h 45, tandis que les manifestants effectuent la prière de l'aube, les forces militaires leur tirent dessus, tuant 78 personnes et faisant des milliers de blessés.
Selon les informations rassemblées par notre équipe, l'opération militaire semble avoir été organisée et commanditée par les officiers supérieurs de l'armée présents au rassemblement. Des dizaines de manifestants présents sur la scène de la tuerie nous ont fourni des témoignages oraux et écrits de la fusillade.
La version des événements donnée par les responsables établit que 43 personnes ont été tuées et 200 ont été blessées par balle, et que « les militaires ont tiré sur des terroristes qui tentaient d'attaquer le quartier général de la Garde républicaine ». Cette version est contredite par de nombreux témoignages que nous avons collectés sur les lieux de l'incident, ainsi que ceux d'observateurs indépendants qui rapportent que les militaires ont commencé à tirer sur les manifestants sans avertissement alors que ces derniers priaient dans la rue.
À dater d'hier, le président par intérim nommé par l'armée, M. Adly Mansour n'a pas condamné ces graves violations. Cependant, il a déclaré qu'il ouvrirait une enquête.
« Une telle enquête doit être prompte, impartiale et indépendante, et garantir que les responsables sont jugés et que les victimes obtiennent justice et réparations, » a annoncé Mesli.
Aujourd'hui, Alkarama a demandé l'intervention urgente du Rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires pour veiller à ce que l'enquête soit prompte, indépendante et impartiale. Alkarama s'inquiète de la montée des violents affrontements à la suite aux opérations militaires, notamment celles du 8 juillet, et exhorte toutes les parties à ne pas recourir à la violence afin d'éviter davantage d'effusions de sang.
Nos représentants au Caire continuent de recueillir des informations sur des cas de violations des droits de l'homme commises par les forces de sécurité égyptienne à la suite du coup d'état du 3 juillet, à savoir, la détention de 600 personnes, ainsi que des disparitions et tortures, rappelant les pires pratiques de l'ère Mubarak.
Pour en savoir plus :
Ahmed Mefreh, représentant d'Alkarama au Caire : 00 20 100 985 09 89, mefreh@alkarama.org