Alkarama soutient l’appel de l’expert de l’ONU sur la situation des droits de l’homme au Soudan, Adama Diang, à mettre fin à l’usage excessif de la force contre les manifestants pacifiques, à lever l’état d’urgence dans le pays, à libérer tous les manifestants et militants encore détenus et enquêter de manière rapide et impartiale sur les allégations de violations des droits de l’homme.
L’appel de l’expert de l’ONU est intervenu à la fin d’une récente visite dans le pays, au cours de laquelle il a rencontré des responsables gouvernementaux, des représentants de la société civile et des défenseurs des droits humains, soulignant la nécessité pour les forces soudanaises d’arrêter de tirer à balles réelles et de lancer des gaz lacrymogènes sur les manifestants.
L’expert de l’ONU s’est dit préoccupé par le recours répété à une force excessive et à des balles réelles par les forces de sécurité contre les manifestants depuis le coup d’État du 25 octobre, soulignant qu’au moins 82 personnes ont été tuées et 2 000 autres blessées, et que d’autres — dont une majorité de femmes — ont été victimes de violences sexuelles.
Il a également exprimé sa préoccupation concernant les effets négatifs de l’état d’urgence sur les droits de l’homme, les attaques contre les installations médicales et les agents de santé, le harcèlement des médias et des journalistes, les arrestations et détentions arbitraires de manifestants et de militants des droits de l’homme ainsi que le recours à la torture et à d’autres mauvais traitements.
L’action d’Alkarama
Alkarama continue d’exprimer sa vive préoccupation concernant la situation des droits de l’homme au Soudan en suivant un certain nombre de cas de détenus politiques et en écrivant aux procédures spéciales des Nations Unies à leur sujet.
Dans ce contexte, Alkarama s’est adressé début février 2022 au Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire concernant les cas de l’ancien ministre des Affaires étrangères, M. Ibrahim Ahmed Abdelaziz Ghandour ainsi que le chef du Parti État de droit et développement, M. Mohamed Ali Abdalla Al-Jazouli. Ces derniers avaient été arrêtés arbitrairement en 2020 par les services de sécurité dirigés par le commandant de l’armée, le lieutenant-général Abdel Fattah Al-Burhan.
Depuis le renversement du président Omar al-Bashir et la création du Conseil militaire de transition dirigé par Abdel Fattah al-Burhan, le Soudan a connu une double escalade d’arrestations et de détentions arbitraires. Bien que celui-ci ait annoncé l’organisation d’élections après une période de transition de trois ans, il a décrété, le 25 octobre 2021, l’état d’urgence et dissout les autorités de transition.
Depuis lors, le Soudan traverse une grave crise politique, alimentée par la répression des forces armées contre des manifestations pacifiques réclamant la levée immédiate de l’état d’urgence et les mesures spéciales qui y sont liées. Ces dernières incluent notamment les nouvelles restrictions imposées aux libertés individuelles et collectives et les vagues d’arrestations arbitraires qui ont visé des personnalités politiques et des militants de la société civile.