Ce n'est pas la première fois que ce militant actif des droits de l'homme de 36 ans est arrêté, enlevé et détenu arbitrairement par les services de renseignement yéménites. Notre organisation avait déjà soumis son cas en juin 2007 aux procédures spéciales de l'ONU : il avait déjà été détenu au secret pendant 75 jours entre les mois de mai et d'août 2007, accusé d'être un sympathisant du mouvement Al-Houthi.
Le 14 juillet 2009, en milieu d'après-midi, des agents de la sécurité nationale, accompagnés de militaires, ont perquisitionné le domicile de la victime. Sa femme et ses enfants, présents sur les lieux, ont été retenus en otage pendant 7 longues heures, enfermés dans une pièce de la maison alors que les agents fouillaient, saccageaient les lieux et confisquaient toutes les affaires personnelles de la victime.
M. Al-Abdelli a disparu pendant quatre mois sans que ses proches n'aient pu obtenir la moindre information sur son lieu de détention et sur les raisons de son arrestation. La famille de la victime a pourtant entrepris de nombreuses démarches auprès du Parquet général et des services de la sécurité nationale. Tous ont refusé pendant plusieurs mois de reconnaître sa détention. Pour les assister dans leurs démarches, l'ONG yéménite Hood a même écrit, en vain, au Dr Al-Alafi, procureur général et au Général Al-Kamsh, chef de la sécurité politique.
Ce n'est que le 13 novembre dernier que sa famille a pu lui rendre visite pour la première fois à la prison de la sécurité politique à Sanaa, où il avait été transféré le même jour et où il est encore détenu aujourd'hui. Ses proches ont alors pu apprendre qu'après son arrestation, il avait été détenu au secret par les services de la sécurité nationale.
La famille de la victime est particulièrement inquiète de son état de santé. Lors d'une visite au mois de décembre dernier, M. Al-Abdelli leur est apparu très maigre, souffrant des séquelles des tortures subies en détention et d'une grave infection à la poitrine. Il se trouvait dans un état physique et mental très préoccupant.
Aucune procédure légale n'a été instruite jusqu'au mois de décembre dernier où il a été pour la première fois amené devant le Parquet de la cour de la sûreté de l'Etat. Notre organisation craint que M. Al-Abdelli ne soit déferré devant cette juridiction lors d'un procès inéquitable et condamné sur la base d'accusations fabriquées et d'aveux extorqués sous la torture.
Il ne fait aucun doute que le gouvernement yéménite a de nouveau pris pour cible M. Al-Abdelli en raison de sa détermination à défendre les prisonniers d'opinion au Yémen et à dénoncer les violations des droits de l'homme commises par les autorités dans son pays.