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Alkarama for Human Rights, 3 mai 2008

Le 2 mai 2008, Sami Al Hajj, caméraman à Al Jazeera, a enfin été libéré. Il avait été arrêté le 15 décembre 2001 à la frontière pakistanaise et incarcéré à Guantanamo Bay. Il a été transporté, menotté, dans un avion américain vers l'aéroport de Khartoum. Remis aux autorités soudanaises, celles-ci l'ont immédiatement transféré à l'hôpital Amal, où très affaibli il a donné sa première interview .


Les autorités états-uniennes ont déclaré qu'elles considèrent que Sami al Hajj  " n'était pas libéré mais simplement transféré au gouvernement soudanais ". Elles maintiennent donc l'accusation de délits liés au terrorisme malgré le fait qu'elles ne l'aient jamais formellement inculpé, ni jugé. Le ministre de la justice soudanais a quant à lui déclaré que " Sami al Hajj était un homme libre et qu'il ne serait ni arrêté ni mis en accusation ".

Sami Mohieddine AL HAJJ est né le 15 février 1969 à Khartoum (Soudan). Il est marié et père d'un enfant. Il est domicilié à Doha (Qatar) où il exerce en qualité d'assistant cameraman à la chaîne de télévision arabe Al Jazeera. Il avait été envoyé dans le cadre de ses activités professionnelles au Pakistan et en Afghanistan. Il y couvrait les évènements liés à la guerre déclenchée par les Etats-Unis contre l'Afghanistan à la suite des attaques terroristes du 11 septembre 2001.

Le 15 décembre 2001, il s'était présenté, accompagné d'un autre journaliste de la même chaîne, M. Abdelhak Saddah au poste frontalier de Chamman entre le Pakistan et l'Afghanistan. Au moment du contrôle de son passeport, il a été arrêté par les services de renseignements pakistanais et détenu au secret dans leurs locaux durant 23 jours.

Le 7 janvier 2002, il est emmené à Quetta où il a été remis aux autorités américaines qui l'ont transféré vers la base militaire de Baghram près de Kaboul. Il a été détenu au secret durant 16 jours au cours desquels il a été gravement torturé par les militaires américains.

Le 23 janvier 2002, il a été transféré sur une autre base militaire américaine à Kandahar où il a été maintenu en détention dans les mêmes conditions et sans inculpation jusqu'au 13 juin de la même année.

A cette date, il a été de nouveau transféré, cette fois-ci par avion, avec plusieurs dizaines d'autres prisonniers dans des conditions de transport particulièrement inhumaines et dégradantes, vers la base militaire américaine de Guantanamo Bay située à Cuba.

Il est emprisonné dans ce camp dans les conditions inhumaines décrites par de nombreux codétenus libérés. Selon son témoignage recueilli par son avocat, Me Clive Stafford-Smith, Sami Al Hajj a subi pas moins de 130 interrogatoires et a enduré de graves tortures au cours de ces interrogatoires successifs ; il a notamment été privé de sommeil durant une longue période, privé de soins, et a du supporter des tortures psychologiques de toutes sortes.

Il n'a jamais été inculpé légalement, ni obtenu, à l'instar de tous les détenus du camp, le droit de contester la validité de sa détention devant une juridiction compétente, indépendante et impartiale.

Il y a plus d'un an, Sami al Hajj a entamé une grève de la faim pour protester contre l'impossibilité dans laquelle il se trouve légalement de contester le bien fondé de sa détention. Il a été alimenté de force à l'aide d'une sonde gastrique et son état s'était aggravé en raison notamment d'un cancer de la gorge qui n'était pas traité de façon adéquate.

Alkarama avait saisi le 29 novembre 2007 le Groupe de travail sur la détention arbitraire et le Rapporteur spécial sur la torture leur demandant d'intervenir en urgence auprès des autorités états-uniennes.