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Alkarama for Human Rights, 17 avril 2007

Alkarama for Human Rights a saisi le groupe de travail sur la détention arbitraire pour une demande d'action urgente dans le cas de M. Issam Al Uteibi, arrêté et détenu depuis le 28 novembre 2002.

Issam Mohamed Tahar Al Barqaoui AL UTEIBI, connu sous le nom de cheikh Al Maqdissi, est né le 7 mars 1959 à Barqa et réside dans la Muhafadat Al Racifa. Ecrivain et théologien connu en Jordanie et le monde arabe, il a été arrêté plusieurs fois par les services de renseignement et a régulièrement été accusé par les autorités jordaniennes de « glorifier et de promouvoir le terrorisme ».

Emprisonné une première fois entre 1994 et 1999, il a sous le même prétexte été de nouveau arrêté le 28 novembre 2002 avec 11 autres personnes, accusés de « complot en vue de commettre des actions terroristes ». Cette arrestation est intervenue à la suite de ses déclarations publiques aux médias jordaniens et arabes justifiant l'Intifadha dans les territoires palestiniens occupés et condamnant la politique américaine dans le monde arabe.

Déféré devant la Cour de sûreté de l'Etat, juridiction d'exception, il a été acquitté par jugement rendu le 27 décembre 2004.

Il n'a cependant pas été libéré mais transféré de la prison de Qafqafa, établissement de détention public, vers un centre de détention secret qui s'est révélé plus tard être le siège des services de renseignement d'Al Jandawil à Oued Essir. Il y a été détenu sans nouvelle inculpation et au secret du 27 décembre 2004 au 28 juin 2005, soit pendant 6 mois.

Libéré à cette date, il a été soumis à des restrictions, notamment l'interdiction de se rendre dans certaines villes du pays, parmi lesquelles Irbid, Al Salt et Ma'an. Il a également été obligé de faire des déclarations filmées.

A sa libération M. Al Uteibi s'est rendu à son domicile où il a reçu de nombreux journalistes auxquels il a accordé des interviews dans lesquelles il a exprimé son point de vue sur la situation générale au Moyen-Orient. Interrogé par la chaîne satellitaire Al Jazeera le 4 juillet 2005, il a condamné l'occupation militaire américaine en Irak.

Au lendemain de cette intervention télévisée, le 5 juillet 2005, il a de nouveau été arrêté et emmené vers un lieu de détention secret. Aucune raison, aucun mandat de justice ni aucune accusation ne lui ont été notifiés par les agents au cours de cette dernière arrestation.

Le lendemain, M. Merouane Al Maacher, vice-Premier ministre et porte-parole du gouvernement a déclaré à la télévision publique que « l'arrestation d'Al Maqdissi avait fait suite à ses contacts avec des entités étrangères, en dehors de la Jordanie, considérées comme terroristes. »

Sa famille n'a eu aucune nouvelle de lui pendant une année. Ce n'est qu'au mois de juin 2006 qu'elle a été autorisée par les services de renseignement à lui rendre visite. C'est à cette occasion que sa famille a appris qu'il était détenu dans des conditions particulièrement pénibles dans une cellule minuscule, qu'il n'avait jamais fait l'objet d'une procédure légale, qu'il avait demandé en vain à constituer un avocat pour contester la légalité de sa détention. Toutes ces demandes lui ont été refusées.

Depuis, sa famille est autorisée à le voir pour quelques minutes deux fois par mois sous haute surveillance. Elle ignore donc s'il a été ou s'il continue à faire l'objet de mauvais traitements. Elle est toutefois très inquiète depuis ses dernières visites, car son état de santé physique et mental s'est beaucoup dégradé à la suite de sa détention dans un isolement total et dans des conditions particulièrement difficiles. Elle craint donc, à juste titre, que son maintien en détention dans ces conditions n'ait des conséquences irréversibles sur son état de santé. C'est la raison pour laquelle elle lance un appel urgent pour que soit mis un terme à sa détention illégale et au secret depuis 28 mois.

Alkarama for Human Rights considère que la privation de liberté de Issam Al Uteibi n'a aucun fondement juridique étant donné que la justice l'a acquitté en décembre 2004 mais qu'il n'a été libéré qu'aprés 6 mois et qu'il a été emprisonné une nouvelle fois peu après sans inculpation. Il faut rappeler que l'Etat jordanien a ratifié le Pacte international sur les droits civils et politiques le 28 mai 1975 et la Convention contre la torture le 13 novembre 1991.

Alkarama for Human Rights demande donc au groupe de travail sur la détention arbitraire d'intervenir en urgence auprès des autorités jordaniennes afin de demander la libération immédiate Issam Al Uteibi.