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محمود البروشي

Alkarama a appris qu’un tribunal saoudien a condamné le pèlerin yéménite Mahmood Hamid Qaid Al-Broushi à 18 ans de prison. Détenu à la prison de Dhahban depuis avril 2022, Al-Broushi fait face à des accusations jugées fabriquées et a été soumis à un procès critiqué pour son manque d’équité, selon les témoignages de ses proches. 

Al-Broushi faisait partie de quatre Yéménites arrêtés en avril 2022 alors qu’ils se rendaient légalement en Arabie Saoudite pour accomplir la "Omra". Alkarama a soumis leur cas aux Procédures Spéciales des Nations Unies en mai 2023. Alors que trois d’entre eux ont été libérés et sont retournés à Sanaa en juin 2023, Al-Broushi est arbitrairement maintenu en détention. 

Le directeur d’Alkarama, Rachid Mesli, a déclaré : « Les peines injustes prononcées par le Tribunal Pénal Spécialisé en Arabie Saoudite à l’encontre des victimes de détention arbitraire illustrent clairement la politisation du système judiciaire et l’absence de respect des normes de justice au sein du système judiciaire du Royaume. » 

Il a ajouté : « À travers les cas que nous avons suivis, il est évident que les autorités saoudiennes infligent des peines sévères soit pour se venger des victimes et de leurs familles qui ont cherché justice via les mécanismes onusiens de défense des droits de l’homme durant leur période de détention arbitraire ou de disparition forcée, soit pour dissimuler la série de violations qu’elles ont subies. Cette stratégie vise particulièrement les individus ayant exprimé pacifiquement leurs opinions sur des questions publiques dans le Royaume. » 

Le Cas d’Al-Broushi 

Mahmood Hamid Qaid Al-Broushi a été jugé à la mi-septembre 2023 devant le Tribunal Pénal Spécialisé de Riyad pour des accusations d’appartenance au groupe houthi (connu sous le nom d’Ansar Allah), de soutien à ce groupe, et de cybercriminalité. Les détails ont été tenus secrets et l’accès à l’acte d’accusation lui a été refusé. 

En avril 2024, le tribunal a déclaré Mahmood Hamid Qaid Al-Broushi coupable de trois chefs d’accusation : appartenance au groupe Houthi, pour laquelle il a été condamné à trois ans de prison ; insulte au roi saoudien et à son prince héritier, entraînant une peine de cinq ans ; et cybercriminalité, sanctionnée par dix ans d’emprisonnement. Ces condamnations reposent notamment sur des messages WhatsApp présumés trouvés sur le téléphone d’un de ses compagnons, qui a depuis été libéré.

La famille d’Al-Broushi a signalé qu’elle n’avait pas pu obtenir une copie du verdict du tribunal ni de la décision en appel, qui a confirmé le jugement initial environ un mois après sa publication. 

Selon ses proches, la dernière visite autorisée après de nombreux efforts remonte au 15 septembre 2024. Son dernier appel téléphonique autorisé date d’avril 2022, sans aucune communication ultérieure malgré de nombreuses demandes de sa part et de sa famille auprès de l’administration pénitentiaire. 

Yéménites dans les Prisons Saoudiennes 

Mahmood Hamid Qaid Al-Broushi n’est qu’un parmi de nombreux Yéménites confrontés à des détentions arbitraires et des procès injustes après être entrés légalement en Arabie Saoudite, mais ayant subi répression et violations, aboutissant à de lourdes peines de prison à l’issue de procès ne respectant pas les normes minimales de justice. 

Dans ce contexte, Alkarama rappelle le cas de Mohammed Al-Wadei, un prédicateur yéménite détenu depuis octobre 2022 et purgeant une peine de 19 ans de prison en vertu des lois anti-terrorisme et de cybercriminalité. Son emprisonnement est lié à la republication de deux posts Facebook concernant le différend saoudo-turc après l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat saoudien d’Istanbul en octobre 2018. 

Arrestations Croissantes de Pèlerins 

Alkarama réitère sa préoccupation particulière face aux arrestations répétées de pèlerins ces dernières années. 

Parmi les cas suivis figure l’arrestation de deux pèlerins ouïghours d’origine chinoise résidant à Istanbul en Turquie : Waili Aimoudoula et Ruze Nuermaimaiti. 

Depuis leur transfert à Riyad en mars 2023, leurs familles sont sans nouvelles. Cela a poussé Alkarama à lancer un appel urgent au Groupe de Travail des Nations Unies sur les Disparitions Forcées ou Involontaires le 10 mai 2023 pour éclaircir leur sort. 

Alkarama réitère la nécessité de respecter la liberté religieuse et la sécurité des pèlerins dans les lieux saints islamiques en Arabie Saoudite et s’engage à continuer de soulever cette question devant les différents organes et mécanismes onusiens de défense des droits de l’homme.