Syrie: Répression constante à travers les disparitions forcées.

Mise à jour du 6 Janvier 2012: Nous avons appris aujourd'hui que M. Sami Dred a été libéré le 5 janvier 2011. Cependant, les familles respectives n'ont eu aucune nouvelle de son frère, M. Mahmoud Dred, ni de M. Mohammad Aswad, qui sont toujours disparus.

Alkarama condamne fermement l'actuelle répression d'une grande partie de la population syrienne. C'est notamment le recours persistant aux disparitions forcées par les services de sécurité ou par les Shabih -forces paramilitaires fidèles au régime et en particulier à la famille du président qui suscite de profondes inquiétudes.Les craintes quant au bien-être des disparus sont tout à fait fondées, étant donné que les personnes libérées donnent des témoignages choquants de torture et de mauvais traitements, lorsqu'ils se retrouvent aux mains des services de sécurité.

Alkarama considère que le recours à grande échelle des disparitions forcées constitue l'une des pires formes de torture. En effet, non seulement la victime elle-même est privée de la plupart de ses droits fondamentaux garantis par le droit international, mais la famille et les amis souffrent également d'incertitude à propos du sort de leurs proches.

Nous continuons à être informés de cas de disparition et avons, entre autres, présenté la situation des personnes suivantes au Groupe de Travail des Nations Unies sur les Disparitions Forcées, ainsi qu'à d'autres Procédures Spéciales appropriées de l'ONU :
M. Mahmoud Dred, 49 ans et père de trois enfants, a déjà disparu à trois reprises sur des périodes allant de plusieurs semaines à deux mois depuis le déclenchement des manifestations en Syrie, mars 2011. Il a de nouveau été enlevé près de son domicile par des membres de la Shabiha, après avoir été roué de coups, le 20 décembre 2011. Sa famille est toujours sans nouvelles depuis ce jour.

Le frère de M. Mahmoud Dred, M. Sami Dred, qui est âgé de 31 ans et vit avec sa famille dans le même quartier d'Al Qadam, dans la banlieue de Damas, a été arrêté près de trois semaines avant son frère, dans la soirée du 2 décembre 2011. M. Sami Dred et sa mère étaient seuls à la maison lorsque des agents de la Sécurité Militaire ont fait irruption dans la maison et l'ont emmené avec eux. Sa famille a perdu tout contact depuis.

Alkarama a, en outre, été informé que toute la famille est victime de persécution; certains membres de de celle-ci se cachent par crainte d'être arrêtés ou enlevés. De plus, un troisième frère, M. Rashed Dred, a été tué le 1er juillet 2011, alors qu'il prenait part aux manifestations à Al Qadam, après la prière du vendredi.

À environ 350 km plus au nord, entre Idlib et Alep, M. Mohammad Aswad a été arrêté le 15 décembre 2011. L'étudiant en médecine de 24 ans était en route depuis sa ville natale d'Idlib afin de s'inscrire pour le prochain trimestre à l'Université d'Alep, où il a été arrêté et enlevé par des agents des Renseignements Militaires à un poste de contrôle sur la route d'Alep-Idlib, à proximité de l'Université Privée du Golfe. Sa famille était sans nouvelles jusqu'à ce qu'ils entrent en contact avec un ancien détenu de la section des Renseignements Militaires d'Alep, qui y avait rencontré M. Aswad, le 16 décembre 2011. M. Aswad a été aperçu plus tard dans la section des Renseignements Militaires d'Idlib, le 26 Décembre 2011 et plus récemment, au poste de Police Militaire d'Idlib, le 3 janvier 2011. Mais, comme d'habitude, aucun de ces services de sécurité n'a permis à M. Aswad de contacter sa famille ni même officiellement reconnu sa détention.

Tout porte à croire que les trois hommes ont été enlevés en raison de leur exercice légitime du droit à la liberté d'opinion et d'expression, ainsi qu'à la liberté de réunion pacifique et d'association. Alkarama demande instamment aux autorités syriennes de s'assurer qu'ils soient immédiatement libérés ou placés sous la protection de la loi.