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بنغازي ليبيا

Alkarama a appris auprès de ses sources que plusieurs milices affiliées au général Khalifa Haftar détiennent des ressortissants syriens en otage et conditionnent leur libération à une reconnaissance officielle par le nouveau gouvernement syrien. Cette situation concerne notamment cinq jeunes hommes pour lesquels Alkarama avait déjà saisi les procédures spéciales compétentes des Nations Unies.

Le nouveau gouvernement syrien a mis en place, par l’intermédiaire du ministère des Affaires étrangères, une commission chargée du suivi du dossier de ses ressortissants détenus en Libye. Cette commission s’est rendue à Tripoli et à Benghazi. Cependant, selon des sources concordantes, les démarches entreprises en vue d’obtenir la libération des citoyens syriens se sont heurtées à des exigences et à des conditions politiques imposées par plusieurs milices affiliées au général Khalifa Haftar à Benghazi, ce qui renforce la conviction que la détention de ces Syriens est dépourvue de tout fondement légal. 

De son côté, Alkarama a de nouveau saisi les mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies afin de les informer de ces développements. 

Pour rappel, le mercredi 18 juin 2025, Alkarama avait adressé un appel urgent au Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDF), ainsi qu’à d’autres mécanismes onusiens, concernant cinq ressortissants syriens enlevés le 11 décembre 2024 à Benghazi, dans l’est de la Libye, par plusieurs milices affiliées au général Khalifa Haftar et à ses fils. 

Alkarama a également saisi, à ce sujet, le Rapporteur spécial sur les droits des migrants ainsi que la Mission d’appui des Nations Unies en Libye

Il s’agit de la deuxième démarche entreprise par Alkarama concernant ces cinq citoyens syriens, sans nouvelles et privés de tout contact avec leurs familles, dont la dernière localisation connue est la prison militaire de Qarnada.

Les victimes, à savoir Ahmad ALOTHMAN, Ali ALSALKHADI, Anas Mohammed Ali ALSALKHADI, Khaled ALSALKHADI et Osama Mohammed Sayfeddeen ALSHADIDI, figurent parmi les millions de Syriens ayant fui le conflit armé dans leur pays. Elles sont entrées en Libye de manière régulière, munies de passeports syriens en cours de validité et de visas d’entrée ordinaires, avant de s’installer à Benghazi, où elles ont vécu et travaillé de façon stable. 

À l’instar de nombreux Syriens à travers le monde, elles ont exprimé leur joie à la suite du départ de Bachar al-Assad, ravivant l’espoir d’un retour prochain en Syrie. C’est dans ce contexte qu’elles ont participé à un rassemblement pacifique, avant d’être arrêtées sans mandat par des agents de sécurité en civil.

À la suite de leur arrestation, leurs familles sont restées sans nouvelles, plongées dans une profonde inquiétude quant à leur sort. Ce n’est que grâce au témoignage d’un ancien détenu qu’elles ont finalement appris leur détention au centre de Qarnada, la dégradation de leur état de santé ainsi que les actes de torture auxquels elles ont été soumises. Elles ont été accusées, sans aucun élément de preuve, d’appartenance à un groupe terroriste et ont été contraintes, sous la torture, de faire des aveux. 

Activisme d’Alkarama 

Le 18 février 2025, Alkarama a soumis une communication au Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire (GTDA) concernant cette affaire, mettant en évidence, dans un premier temps, le caractère arbitraire de la détention des victimes sous plusieurs aspects. 

Alkarama a souligné que leur arrestation était dépourvue de toute base légale : les victimes ont été arrêtées sans mandat, n’ont pas été informées des motifs de leur arrestation et sont restées privées de toute représentation juridique ou de comparution devant une autorité judiciaire. Elle a insisté sur le fait que cette privation de liberté résulte directement de l’exercice de droits fondamentaux, en particulier la liberté d’opinion et la liberté de réunion pacifique, tels que garantis par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. 

En outre, les victimes ont été privées de toute assistance juridique et n’ont jamais eu accès à une autorité indépendante afin de contester la légalité de leur détention, en violation manifeste de leur droit à un procès équitable. Enfin, cette détention repose sur un fondement discriminatoire, leur seule origine syrienne ayant conduit les milices à les associer à tort à un groupe terroriste. 

Pour l’ensemble de ces raisons, Alkarama a appelé le Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires à entrer en contact avec les autorités libyennes afin d’obtenir des informations officielles sur le sort et le lieu de détention des cinq personnes disparues, et à exiger la libération immédiate des cinq victimes ainsi que le respect de leurs droits fondamentaux.