Les organisations de défense des droits humains signataires ci-après marquent la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, instaurée par l’Assemblée générale des Nations unies en 1977 par la résolution (32/40 B).
Cette commémoration intervient à un moment historique particulièrement grave, alors que les Palestiniens – en particulier dans la bande de Gaza – affrontent l’une des pires tragédies humanitaires de l’histoire contemporaine. L’occupation israélienne poursuit en effet une politique de destruction massive, de blocus, de famine organisée et d’anéantissement systématique des infrastructures résidentielles et des services vitaux.
Cette journée est célébrée dans un contexte de trêve fragile, insuffisante pour mettre fin à la catastrophe humanitaire qui frappe plus de deux millions d’habitants dans la bande de Gaza. La population demeure privée des besoins les plus élémentaires : nourriture, eau, soins de santé, électricité et abri. Des centaines de milliers de personnes vivent désormais à ciel ouvert ou parmi les décombres, après que des quartiers entiers ont été entièrement rasés par les bombardements intensifs.
« Hind Rajab », un symbole de la brutalité de l’occupation
Conformément à la résolution (60/37) adoptée par l’Assemblée générale en 2005, les activités liées à la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien se poursuivent cette année et doivent se conclure le 4 décembre par la projection, au siège des Nations unies à New York, du film documentaire « La voix de Hind Rajab ».
Réalisé par la cinéaste tunisienne nommée aux Oscars Kaouther Ben Hania, le film retrace l’histoire bouleversante de la fillette palestinienne Hind Rajab, tuée en janvier 2024 dans le quartier de Tel Al-Hawa au sud de Gaza, après que l’armée d’occupation israélienne a pris pour cible la voiture dans laquelle elle se trouvait avec sa famille. Tous les accompagnateurs de l’enfant ont été tués sur le coup et Hind est restée seule, coincée parmi les corps, pendant plusieurs jours.
Bien qu’elle ait appelé à maintes reprises les services de secours, les forces d’occupation ont attaqué l’équipe médicale tentant de lui porter aide. La fillette n’a été retrouvée qu’au bout de douze jours, sans vie.
Le drame de Hind – parmi des milliers d’autres – illustre clairement l’ampleur de la violence et la violation manifeste du droit international humanitaire : ciblage des civils, entrave à l’assistance, obstruction des secours. Autant d’actes constituant des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Les revendications des organisations de défense des droits humains
À cette occasion, les organisations signataires réaffirment ce qui suit :
Le simple affichage de solidarité ou les activités commémoratives habituelles ne suffisent plus face à la persistance de l’occupation israélienne et de ses politiques répressives. L’occupation demeure la cause fondamentale de la souffrance du peuple palestinien ; aucune paix durable ne peut être envisagée sans y mettre fin totalement et sans traduire ses dirigeants en justice.
Les événements survenus dans les territoires palestiniens, en particulier dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023, constituent un génocide avéré au sens de la Convention de 1948 sur la prévention et la répression du crime de génocide, imposant une action internationale urgente, ferme et contraignante.
Les gouvernements du monde et les organisations internationales doivent assumer pleinement leurs responsabilités en faisant pression sur les autorités de l’occupation israélienne pour le respect du droit international humanitaire, l’arrêt immédiat des attaques contre les civils et l’ouverture sans délai ni condition de l’accès humanitaire et des équipes de secours à la bande de Gaza.
Il est indispensable de soutenir les initiatives des Nations unies visant à organiser les événements de solidarité, notamment l’exposition annuelle sur les droits du peuple palestinien, à mettre en lumière les violations commises à son encontre et à encourager les États à assurer une couverture médiatique étendue de cette journée.
Il convient d’appuyer les mesures ordonnées par la Cour internationale de justice dans le cadre de la procédure engagée contre Israël et d’accélérer l’exécution des mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale à l’encontre des dirigeants de l’occupation, pour leur responsabilité dans l’utilisation de la famine comme méthode de guerre ainsi que pour d’autres crimes contre l’humanité, tels que les meurtres intentionnels, la persécution et divers actes inhumains.
Il est réaffirmé le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à l’établissement de son État indépendant sur l’ensemble du territoire palestinien, avec Jérusalem pour capitale, un droit imprescriptible qui ne disparaît pas avec le temps.
Les organisations signataires saluent les rapports rigoureusement documentés des Nations unies concernant les crimes de génocide commis par Israël dans la bande de Gaza, et expriment leur solidarité envers les experts en droits humains confrontés à l’intimidation pour l’exercice de leur mandat au regard du droit international, tout particulièrement Mme Francesca Albanese, rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, dont elles saluent les efforts pour révéler la vérité et dénoncer les récits trompeurs.
En conclusion, nous, organisations de défense des droits humains, soulignons que la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien ne constitue pas une simple commémoration symbolique, mais un appel mondial à renouveler l’engagement moral et juridique envers un peuple soumis depuis des décennies aux formes les plus extrêmes d’occupation, de violence et de blocus.
Les organisations réaffirment que la véritable solidarité commence par la dénonciation claire des violations, la lutte effective contre l’impunité et le soutien au droit du peuple palestinien d’établir un État pleinement souverain, de mettre fin à l’occupation et de vivre dans la dignité et la sécurité sur sa terre.
Organisations signataires :
Alkarama pour les droits humains – Genève
Association des victimes de la torture – Genève
Centre Al-Shehab pour les droits humains – Londres
Organisation Sawt Hor (Voix Libre)
Organisation EFDI International
Organisation Justice for Human Rights – JHR
Al-Tadamun pour les droits humains