Algérie: La place du chanteur Reda City 16 n’est pas en prison

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Privé de liberté depuis le 13 octobre 2018, le chanteur et acteur Reda City 16, de son vrai nom, Reda Hamimed, est actuellement détenu à la prison d’El Harrach dans l’attente de son procès. Le 21 novembre 2018, il a entamé une grève de la faim illimitée afin de dénoncer le caractère arbitraire de sa détention. Ses proches sont très inquiets quant à la dégradation de son état santé. Il a notamment dû être hospitalisé à plusieurs reprises.

L’arrestation de Reda Hamimed repose exclusivement sur sa relation avec le cyber activiste Amir Boukhors, connu en Algérie sous le nom d’Amir DZ. Ce dernier dénonce régulièrement sur sa page Facebook des affaires de corruption touchant de hauts dignitaires algériens.

Estimant que les poursuites visant Reda Hamimed traduisent la volonté des autorités d’entraver la liberté d’expression d’Amir DZ, Alkarama avait adressé un appel urgent au Rapporteur spécial de l’ONU sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression (FRDX) le 1er novembre 2018. Ce dernier suit avec attention la situation personnelle de Reda Hamimed ainsi que la dégradation de la liberté d’expression en Algérie.

Rappel des faits

Reda Hamimed a été arrêté par la gendarmerie le 13 octobre 2018 alors qu’il se rendait à son domicile à Draria, situé dans la banlieue d’Alger. Il a ensuite été conduit au siège de la direction nationale de la gendarmerie où il a été interrogé sur ses liens avec Amir DZ ainsi que sur leurs rencontres à Paris. Dans le même temps, son domicile a été perquisitionné par les gendarmes qui ont retrouvé des coupures de banque grossières, imprimées sur une seule face et qui avaient été utilisées lors du tournage de la série télé El Khawa 2 dans laquelle M. Hamimed avait joué le rôle d’un bandit.

Présenté devant le procureur de la république le 18 octobre 2018, Reda Hamimed a été inculpé entre autre de « chantage » et « contrefaçon de billets de banque » au profit d’Amir DZ. Lors de sa dernière comparution devant le juge d’instruction du tribunal d'Alger le 11 décembre 2018, celui-ci a décidé d’abandonner ce dernier chef d’inculpation et de renvoyer l’affaire devant le tribunal correctionnel.

La société civile se mobilise

En dépit de ce climat répressif, une manifestation a été organisée à Alger le 9 décembre 2018 afin d’exiger la libération immédiate du chanteur. La police a procédé à plusieurs interpellations dont celle d’Adlène Mellah, un journaliste indépendant venu exprimer pacifiquement sa solidarité avec Reda City 16. En parallèle, une campagne de soutien est menée sur les réseaux sociaux autour du mot dièse #كلنا_رضا_CITY16.

De son coté, Alkarama appelle de nouveau les autorités algériennes à libérer immédiatement Reda Hamimed. Ces dernières ont l’obligation légale de s’abstenir de toutes pressions exercées sur des tiers susceptibles d’entraver l’exercice pacifique du droit à la liberté d’expression d’Amir DZ en conformité avec l’article 19 du Pacte international des droits civils et politiques (PIDCP) ratifié par l’Algérie en 1989.

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