Égypte : 3 étudiants disparus depuis le massacre de Raba’a Al Adawiya

Le 22 octobre 2014, Alkarama a saisi le Groupe de Travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDFI) du cas de trois étudiants égyptiens, Mohamed Ali Hammad Omar (20 ans), Khader Ali Mohammed Mohamed (21 ans) et Mohamed Mohamed Abdulsalam Ali Abdulhamid (21 ans), enlevés par la police et l'armée égyptienne le 14 août 2013, lors des événements des places Raba'a Al Adawiya et el Nahda, au Caire, dont les familles sont restées sans nouvelles depuis.

Ils avaient tous trois pris part aux sit-in pacifiques installés sur ces deux places, en protestation contre le renversement du gouvernement Morsi par l'armée. Le 14 août 2013, l'armée et la police, sur ordre des autorités, ont violemment dispersés ces manifestations et sit-in, laissant derrière leur passage plus d'un millier de morts et des milliers de blessés. À ce jour, aucun officiel n'a été poursuivi, et malgré les appels répétés de la communauté internationale et de la société civile, les autorités n'ont jamais lancé d'enquête indépendante sur ces massacres qui, de par leur ampleur et leur déroulement, constituent un crime contre l'humanité au sens du Statut de Rome.

Les trois étudiants se trouvaient sur la place Raba'a Al Adawiya et ont pris la fuite quand les autorités ont commencés à charger les manifestants. Omar se trouvait avec sa sœur, sur la route El Nasr près de l'université Al Azahr, lorsqu'il fut touché à l'épaule d'une balle tirée par la police montée. Arrivés à sa hauteur, les policiers l'ont emmené avec eux, vers une destination inconnue. Mohamed, pour sa part, a été arrêté par une patrouille conjointe de la police et de l'armée devant le centre commercial Tiba Outlet, à côté de la mosquée de Raba'a, tandis qu'Abdulhamid se trouvait sur la Rue de l'Aviation au moment de son enlèvement.

Leurs familles n'ont plus entendu parler d'eux depuis, malgré avoir pris contact avec de plusieurs institutions, organes judiciaires, et organisations. Ils ont aussi déposé plusieurs plaintes, dont certaines à l'encontre d'Al Sisi et de son ministre de l'Intérieur, Mohamed Ibrahim. Pour autant, toutes leurs initiatives pour les localiser sont restées lettres mortes, les autorités refusant de reconnaître les détentions d'Omar, Mohamed et Abdulhamid.

Compte tenu du contexte dans lequel leurs disparitions respectives sont intervenues et de la violente répression que subissent les opposants politiques en Égypte depuis l'an dernier, les trois jeunes étudiants encourent un fort risque de voir leur détention au secret se prolonger indéfiniment, ainsi que d'être soumis à des traitements inhumains ou dégradants pendant leur détention.

Pour faire la lumière sur ces disparitions, Alkarama a saisi le GTDFI afin qu'il demande aux autorités de révéler les lieux de détention d'Omar, Mohamed et Abdulhamid, et autorisent leurs familles ainsi qu'un avocat à leur rendre visite, sans aucune restrictions. En l'absence de charges crédibles à leur encontre, les autorités devraient immédiatement les relâcher. Il est fondamental que l'Égypte endigue le phénomène des disparitions forcées, qui vise tout particulièrement les opposants politiques, et adopte des mesures conformes à ses obligations internationales.

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