EAU: Les experts de l'ONU condamnent le maintien en détention et les mauvais traitements de 18 détenus yéménites revenant de "Guantanamo"

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Des experts des droits de l'homme des Nations Unies ont condamné les Émirats arabes unis concernant la détention arbitraire et les mauvais traitements de détenus yéménites revenant de Guantanamo, se déclarant préoccupés par le risque de retour forcé dans leur pays, le Yémen, à la lumière de la poursuite du conflit armé et de la crise humanitaire.
Depuis des années, la question des détenus de Guantanamo est restée la préoccupation principale d'Alkarama, à travers divers mécanismes de soutien et de plaidoyer, mais elle a aussi organisé ou participé à de nombreux événements et activités de terrain aux côtés des familles des détenus et des ONG, en soutien aux proches des victimes de ce centre de détention notoire et en mémoire de ces derniers.
Les experts de l'ONU ont déclaré dans un communiqué de presse: «Il est inquiétant qu'au lieu d'être inscrits dans un programme de réhabilitation ou d'être libérés, ces hommes aient été continuellement placés en détention arbitraire dans un lieu inconnu. D'autant plus qu'à présent, ils risquent d'être renvoyés de force dans leur pays, le Yémen, à la lumière de la poursuite du conflit armé et de la crise humanitaire.» Les dix-huit détenus ont également été contraints de signer des documents acceptant d'être renvoyés au Yémen, faute de quoi ils continueraient d'être détenus aux EAU de manière indéfinie.
Les experts de l'ONU ont appelé les Émirats arabes unis à mettre fin aux plans de retour forcé de dix-huit citoyens yéménites qui étaient précédemment détenus à Guantanamo Bay, et ont déclaré que leur retour forcé au Yémen mettait leur vie en danger et violait les droits de l'homme et le droit international humanitaire.
Selon la déclaration des experts de l'ONU, ces anciens détenus de Guantanamo ont été transférés aux Émirats arabes unis entre novembre 2015 et janvier 2017. On leur aurait assuré que pour des raisons humanitaires ils passeraient entre 6 et 12 mois dans un programme de réinsertion habitation avant de les libérer pour leur permettre de vivre dans la société émiratie et de les réunir avec leurs familles.
Les experts se sont déclarés gravement préoccupés par le secret entourant les conditions et la méthode de mise en œuvre du programme de transfert des détenus convenu entre les Émirats arabes unis et les États-Unis d'Amérique. Les experts ont déclaré que le processus de retour se déroulait sans aucune forme de garantie judiciaire ou d'étude et d'évaluation individuelle des risques, ce qui viole de manière flagrante l'interdiction totale du principe de non-refoulement conformément au droit international humanitaire et aux droits de l'homme.
Les experts ont souligné qu’aucun pays n’a le droit d’expulser, de renvoyer ou d’évacuer un individu de ses terres s’il existe des raisons sérieuses de croire que cette personne sera exposée à un danger ou à la torture dans le pays de destination.
Les experts ont déclaré:  " Nous sommes préoccupés par le fait que les détenus, après des années de détention à Guantanamo Bay sans inculpation ni procès, soient confrontés à de longues périodes de détention sans inculpation ni procès aux EAU avec des restrictions de contact avec leurs familles et sans aucune représentation légale, alors qu'ils sont maltraités. "
En juillet dernier, les experts avaient exprimé des préoccupations similaires au sujet du gouvernement émirati. Dans leur déclaration, les experts ont appelé les autorités émiraties à annoncer les conditions du programme de transfert des prisonniers, à libérer immédiatement tous les anciens détenus de Guantanamo qui se trouvent aux Émirats et à leur permettre de retrouver leur famille.


Il convient de noter que les experts qui ont publié cette déclaration sont: le Rapporteur spécial sur la torture et les autres formes de traitements cruels, dégradants et inhumains, le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l'homme dans la lutte contre le terrorisme, le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires et les membres du Groupe de travail sur la détention arbitraire.