Arabie Saoudite: Le pouvoir judiciaire comme outil de répression ... un jugement injuste contre l'économiste Essam Al-Zamel

zamel

Un tribunal saoudien vient de condamner l'économiste, Essam Al-Zamel, au terme de trois années de mesures arbitraires et d'un procès aux normes inéquitables, à 15 ans de prison pour sa critique du plan de développement porté par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman et connu sous le nom de "Saudi Vision 2030".
Cela intervient alors qu'Alkarama a soumis le 25 octobre 2017, de nombreux cas de détentions arbitraires, dont celui de M. Al-Zamel, au Rapporteur  spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et  d'expression aux Nations Unies, David Kay, qui s'est déclaré préoccupé par la répression pratiquée par les autorités saoudiennes contre l'opposition pacifique  dans le Royaume. Les militants ont considéré la décision rendue par le tribunal pénal spécialisé comme une vengeance arbitraire, appelant les autorités saoudiennes à annuler la décision et à libérer immédiatement Al-Zamel et tous les détenus des prisons, et à les indemniser pour les mauvais traitements auxquels ils ont été soumis, la persécution, la négligence et l'isolement du monde extérieur.
Le magazine Forbes avait classé l'économiste parmi les personnalités les plus importantes d'Arabie saoudite, il a remporté de nombreux prix et a été honoré personnellement par le roi Salman ben Abdulaziz il y a des années. Al-Zamel a soutenu les révolutions du printemps arabe et a critiqué le projet de ben Salman de mettre Aramco en vente, mais les accusations portées contre lui au cours des procès  secrets, se sont axées autour d'allégations d'appartenance à l'organisation des «Frères musulmans» et de contact avec le Qatar.
Depuis septembre 2017, le Royaume d'Arabie saoudite témoigne d'une volonté de répression sans précédent de la liberté d'opinion et d'expression, visant des dizaines de personnalités publiques et d'activistes, dont la plupart ont été arrêtés en raison de leur opposition à la politique gouvernementale ou de leur non-soutien public au blocus imposé par l'Arabie saoudite au Qatar. Le cercle de la répression et des arrestations s'est élargi aux militants, universitaires  et érudits religieux. Après coup, les autorités saoudiennes ont présenté la campagne d'arrestations en cours -liée au blocus du Qatar et aux changements  majeurs dans l'équilibre des pouvoirs au sein de la famille dirigeante - comme une mesure de sécurité nationale.
Alkarama suit avec inquiétude cette série d'arrestations sans précédent qui porte atteinte au droit à la liberté d'opinion et d'expression. Ce faisant, elle a fait appel à l'intervention du Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression auprès des autorités saoudiennes et appelle ces dernières à la libération immédiate de toutes les personnes détenues arbitrairement en raison de leur expression pacifique de leurs opinions et à la levée des restrictions à ce droit fondamental dans le pays.