Arabie Saoudite : La détention arbitraire d’Awad Al Qarni devant les experts de l’ONU

Al Qarni

Awad Al-Qarni, professeur de droit et prédicateur saoudien éminent âgé de 65 ans, avait été arrêté par les services de renseignement (Mahabith) en 2017 lors de la vaste campagne de répression contre des prédicateurs, des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes et des hommes d’affaires y compris des membres de la famille royale. Il est accusé d’avoir utilisé les réseaux sociaux (Twitter et WhatsApp) pour diffuser des informations interprétées comme "hostiles" au royaume d’Arabie Saoudite.  

Alors que l’Arabie saoudite continue de traquer ses dissidents sur internet, l'utilisation des médias sociaux reste particulièrement surveillée et toute critique de la politique des autorités est criminalisée dans le royaume depuis le début du règne du prince Mohammed Ben Salmane.    

Arbitrairement détenu depuis son arrestation, Awad Al Qarni risque aujourd’hui d’être condamné à mort pour avoir exprimé ses opinions d’une manière pacifique sur les réseaux sociaux.

Préoccupée par sa situation, Alkarama a adressé, le 28 février 2023, une communication au Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire pour l’appeler à enjoindre aux autorités saoudiennes de le libérer.    

Le Groupe de travail saisi par Alkarama  

Dans sa communication à l’ONU, Alkarama a souligné que la privation de liberté d’Al-Qarni est infondée en droit et de fait arbitraire.

Ni son arrestation ni sa détention ne sont justifiées en droit et en fait et ne remplissent les critères de légalité énoncés par les textes fondamentaux en matière de détention.  

Alkarama a informé les experts indépendants du Groupe de travail sur le réquisitoire absurde du ministère public saoudien qui requiert sa condamnation à mort uniquement pour avoir utilisé des médias sociaux tels que WhatsApp et Twitter.  

Dans sa communication au Groupe de travail, Alkarama a souligné le caractère arbitraire de sa détention pour avoir exercé son droit à la liberté d'opinion et d'expression qui comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute nature. La liberté d'opinion et d'expression telle qu'exprimée dans l'article 19 de la DUDH fait partie du droit international coutumier, qui lie le Royaume d'Arabie saoudite.  

Alkarama a également attiré l’attention des experts au sujet des nombreuses violations de ses droits fondamentaux à un procès équitable, notamment le droit de bénéficier de l’assistance avocat tout au long de son procès.  

Préoccupée par le fait que les poursuites et le traitement d’Al Qarni résultent directement de ses opinions politiques, Alkarama a invité le Groupe de travail de l’ONU à reconnaitre le caractère arbitraire de la privation de liberté du professeur saoudien et à exhorter, sans tarder, l’État partie à le libérer conformément à ses engagements internationaux.