Arrêté le 2 juillet 1985 par des agents des services de la sûreté de l'Etat syrien, Yacoub Shamoun ( يعقوب شمعون ), quarante-huit ans, est détenu arbitrairement depuis plus de ving-six ans par les autorités syriennes. Pendant seize ans, sa famille n'a eu aucune nouvelle de lui; ce n'est qu'en 2001 qu'elle apprend qu'il est détenu à la prison de Sednaya. De nouveau, en 2008, elle perd sa trace jusqu'à son récent transfert à la prison militaire d'Al-Rakka le mois dernier, où il est encore détenu aujourd'hui en-dehors de toute procédure légale.
Yacoub Shamoun et sa famille habitaient au Liban depuis 1972. Yacoub et ses frères, âgés de plus de dix-huit ans et ne s'étant pas présentés pour effectuer leur service militaire, ont préféré ne pas retourner dans leur pays de peur d'être arrêtés. En 1985, Hafez Al-Assad prononce une amnistie générale pour tous ceux poursuivis pour ne pas avoir fait leur service militaire. Suite à cette annonce, Yacoub et sa famille décident de retourner en Syrie.
Le 2 juillet 1985, peu après leur arrivée en Syrie, les deux frères Yacoub et Fawaz Shamoun ont été arrêtés à leur domicile à Amouda-Qamishli par des agents des services de la sûreté de l'Etat syriens en uniforme sans mandat d'arrêt. Tous deux ont été emmenés au siège des services de la sûreté de l'Etat à Qamishli où il ont été détenus et torturés pendant des semaines.
Les parents des deux frères n'ont eu aucune nouvelle de leurs enfants jusqu'en 1996 lorsque Fawaz a été libéré sans même avoir été jugé. Ce n'est qu'en 2001 qu'ils ont pu apprendre par des agents des services de sécurité syriens que Yacoub était détenu à la prison de Sednaya où de nombreux prisonniers politiques restent des années détenus sans être jugés. En 2008, les services de sécurité ont exécuté plus de vingt prisonniers dans la prison de Sednaya et la famille de Yacoub Shamoun a de nouveau perdu sa trace.
Ce n'est que récemment, mi-juin 2011, qu'elle a appris qu'il avait été transféré à la prison militaire d'Al-Rakka.
M. Shamoun n'a pas été déféré devant un juge ou un magistrat, pas plus qu'il ne connait ses chefs d'inculpation, vingt-six ans après son arrestation. Il reste arbitrairement détenu à ce jour, malgré les nombreuses amnisties annoncées par le régime et qui s'appliquent à son cas.
Le 7 juillet 2011, Alkarama a soumis son cas au Groupe de travail sur la détention arbitraire, et appelle le gouvernement à libérer Yacoub Shamoun dans les plus brefs délais et à s'assurer que son droit à une compensation soit garanti, tel que prévu par l'article 9 du Pacte international sur les droits civils et politiques. Nous appelons également les autorités syriennes à s'abstenir de détenir et d'arrêter arbitrairement ses ressortissants.