À l’issue de sa visite en Libye, la Mission indépendante d’établissement des faits des Nations unies sur la Libye a souligné qu’il incombait aux autorités libyennes de prendre des mesures décisives pour rendre justice et indemniser les nombreuses victimes qui subissent depuis longtemps des violations des droits humains et du droit international humanitaire dans le pays.
Alkarama qui attache une grande importance au dossier des droits de l’homme en Libye a déposé de nombreuses plaintes auprès des procédures spéciales de l’ONU au nom des victimes de violations. Ainsi, Alkarama souligne l’importance d’appeler la mission de l’ONU, établie par le Conseil des droits de l’homme le 22 juin 2020, à enquêter sur les violations et à exhorter les autorités libyennes à répondre à leurs demandes.
La mission de l’ONU s’est rendue en Libye du 23 au 26 janvier 2023. De nombreuses victimes et représentants des victimes sont venus de Benghazi, Syrte, Murzuq, Sabha et Misrata pour rencontrer les membres de la mission. À la fin de la visite, la mission de l’ONU a publié une déclaration dans laquelle elle a souligné que les victimes et leurs familles avaient perdu patience et qu’elles souhaitaient vivement que les autorités fournissent en temps utile des informations sur les enquêtes et qu'elles veillent à ce que les auteurs soient tenus responsables.
Dans la déclaration, le chef de la mission d’enquête, M. Mohamed Auajjar, a ajouté : « Les familles de ces victimes attendent depuis longtemps que justice soit faite. Les autorités libyennes leur doivent de partager des informations sur leurs proches, de les rencontrer et de leur donner des réponses. Le silence est inacceptable. »
« Nous avons également demandé à plusieurs reprises des réponses sur l’état d’avancement de multiples enquêtes sur des violations flagrantes des droits de l’homme, mais jusqu’à présent, il n’y a pas eu de réponse satisfaisante », a expliqué Auajjar.
Au cours de leur visite dans le pays, les experts de la mission ont rencontré des victimes et des représentants des victimes qui ont témoigné d’exécutions extrajudiciaires, de torture, de détentions arbitraires, de disparitions forcées, de traite des êtres humains, de déplacements internes et de la présence de fosses communes et de morgues contenant des corps auxquels les familles n’ont pas accès.
La mission devait rendre visite aux victimes à Sabha, dans le sud de la Libye, mais les autorités locales ne l’ont pas autorisée malgré de nombreux appels. Les experts ont regretté de ne pas avoir pu rencontrer le procureur général pour recevoir des informations sur les nombreux cas racontés par les victimes et qui relèvent de son mandat. La mission a également regretté que les autorités n’aient pas autorisé l’accès aux prisons et aux centres de détention dans tout le pays, malgré la réitération des demandes.
L’activisme d’Alkarama
Alkarama avait déjà attiré l’attention sur les crimes commis par les forces du général de division à la retraite, Khalifa Haftar, avec le soutien des gouvernements arabes.
De temps en temps, la Libye est témoin d’assassinats de commandants sur le terrain dans les forces de Haftar et qui sont notamment recherchés pour crimes internationaux en raison de leur implication dans des crimes de guerre, y compris des exécutions sommaires de civils.
Alkarama avait exprimé ses craintes expliquant que ces assassinats pourraient faire partie d'un stratagème pour liquider les témoins à charge contre les grands criminels recherchés pour la justice et leurs partisans régionaux et internationaux.
A cet égard, Alkarama s’était adressé à un certain nombre d’organes de l’ONU concernés par la Libye, en particulier la Mission indépendante d’établissement des faits sur les violations commises par toutes les parties en Libye -établie par le Conseil des droits de l’homme-, leur demandant d’enquêter sur ces assassinats et de révéler leurs circonstances.