Les États-Unis ont continué à mener des guerres sous diverses formes depuis les attaques du 11 septembre 2001. Le monde entier est devenu un champ de bataille pour les campagnes américaines et alliées contre le « terrorisme », souvent au mépris du droit humanitaire international et des normes en matière de droits de l’homme.
Dans la foulée du « mardi noir », les dirigeants américains ont établi de nouveaux précédents qui ont dépassé les normes internationales établies. Ce changement a commencé avec le discours du président George W. Bush au Congrès neuf jours après les attaques, où il a déclaré au monde : « Vous êtes soit avec nous, soit avec les terroristes. » Bush a également affirmé que tout pays hébergeant ou soutenant le terrorisme serait considéré comme un régime hostile par les États-Unis. Il a placé le pays en « état d’alerte de guerre », en soulignant que la seule manière de vaincre le terrorisme était de « l’arrêter, de l’éliminer et de le détruire à sa source. »
Ce discours a marqué le début d'une stratégie américaine visant à remodeler le paysage géopolitique du Moyen-Orient et de l'Asie centrale, étendant ainsi l'influence américaine. En conséquence, les interventions américaines dans les pays islamiques sont devenues courantes, justifiées par la « guerre contre le terrorisme. »
Dans ce contexte, la rhétorique politique américaine a intensifié l’islamophobie en Occident, entraînant une vaste harcèlement et ciblage des communautés musulmanes. Ces individus ont vu leurs droits érodés, en particulier en ce qui concerne les libertés personnelles et la sécurité. Les discours haineux contre les musulmans continuent de poser un problème majeur pour ces communautés dans les sociétés occidentales.
Les États-Unis ont lancé une campagne militaire de grande envergure, commençant en Afghanistan et s’étendant à l’Irak, la Somalie et le Yémen. Parallèlement, une guerre secrète s’est déroulée, impliquant la détention secrète de suspects de terrorisme ayant subi des tortures brutales dans des sites noirs de la CIA et dans la tristement célèbre prison militaire américaine de Guantanamo Bay, Cuba. Cette opération secrète a été révélée dans un rapport de 2014 du Comité de renseignement du Sénat américain, s’étendant sur plus de 700 pages, qui a condamné les actions de la CIA dans son programme de détention antiterroriste, critiquant à la fois l’ampleur des abus et les efforts de l’agence pour minimiser et déformer l’efficacité du programme.
Terrorisme de contre-terrorisme
Rachid Mesli, directeur d'Alkarama, affirme : « Les attaques du 11 septembre étaient un mépris flagrant des droits de l’homme, mais les guerres qui ont suivi, menées par les États-Unis et leurs alliés, ont perpétué ce déni sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme. Ces conflits ont entraîné de graves abus, y compris des actes pouvant être qualifiés de crimes contre l'humanité.»
Mesli a cité divers exemples, tels que les meurtres extrajudiciaires, en particulier par drones, ainsi que la torture, les disparitions forcées et d’autres violations graves.
Le cas le plus récent traité par Alkarama concerne le citoyen libyen Mustafa Faraj Mohammed Masoud al-Jadidi al-Azibi, également connu sous le nom de « Abu Faraj al-Libi. » Le 29 novembre 2022, Alkarama a soumis son cas au Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire (WGAD). Al-Libi est détenu de manière arbitraire à Guantanamo Bay depuis son transfert d’un site noir de la CIA le 4 septembre 2006. Il a été arrêté le 2 mai 2005 au Pakistan par les forces spéciales pakistanaises puis transféré aux forces américaines. Il a ensuite été détenu dans des prisons secrètes en Afghanistan et en Roumanie, où il a subi des tortures ayant entraîné la perte de son audition.
Centre de détention de Guantanamo Bay
Vingt-trois ans après les attaques du 11 septembre, le centre de détention de Guantanamo Bay reste opérationnel, avec des prisonniers détenus en violation des droits humains fondamentaux. Malgré de nombreuses promesses de fermeture et les appels persistants à sa fermeture de la part des commissaires aux droits de l'homme des Nations Unies successifs et des experts indépendants de l'ONU, ces appels ont été ignorés.
Alkarama a traité de nombreux cas de détenus de Guantanamo, mais le cas d'Al Libi est particulièrement marquant. Il illustre ce que les experts de l'ONU ont décrit comme une « situation kafkaïenne », où le rule of law semble sans valeur et où le pouvoir coercitif et brutal de l'État prévaut sans contrôle.
Attaques par drones
Le programme de « meurtres ciblés » des États-Unis est devenu une caractéristique déterminante de ses guerres en expansion après les attaques du 11 septembre, affectant plusieurs pays tels que le Yémen, le Pakistan et la Somalie. Alkarama a mené d’importantes enquêtes sur le terrain au Yémen, visitant divers sites pour documenter les frappes de drones américains et recueillir des témoignages. L’organisation a soumis de nombreuses plaintes, soutenues par des mandats officiels des familles des victimes, et a produit des rapports avec des preuves et des témoignages de survivants, mettant en lumière l’impact dévastateur de ces attaques de drones sur les populations civiles.
La stratégie de « guerre contre le terrorisme » adoptée par les États-Unis et leurs alliés occidentaux et arabes depuis les attaques du 11 septembre a été un échec profond dans la lutte contre l’extrémisme violent. Plutôt que de résoudre le problème, elle l’a exacerbé et étendu. De plus, cette approche a enraciné les violations des droits humains et une culture d’impunité à l’échelle mondiale. Alkarama, ainsi que de nombreuses organisations et défenseurs des droits humains internationaux et non gouvernementaux, soulignent que lutter efficacement contre l’extrémisme violent et le terrorisme doit respecter les droits humains fondamentaux, la justice et la dignité de tous les individus.