Irak: l'ONU considère que la détention de Shawki Ahmed Omar est arbitraire et appelle à sa libération

Le Groupe de Travail sur la Détention Arbitraire (GTDA) des Nations Unies a rendu un avis au cours de sa 69ème session concernant la détention arbitraire de Shawki Ahmad Omar, appelant le gouvernement irakien à le libérer. Alors qu'il était venu en 2004 où il comptait s'installer, il a été arrêté et accusé à tort « d'entrée illégale en Irak » sous le prétexte d'être palestinien.

Shawki Omar, derrière les barreaux aujourd'hui 10 années est âgé de 52 ans ; naturalisé américain, il avait quitté les Etats-Unis pour l'Irak après son invasion, dans l'espoir de trouver un emploi qui aidera à reconstruire les infrastructures du pays. Dès son arrivée dans le pays en octobre 2004, il a été enlevé avec sa femme, alors enceinte, par des soldats américains, avant de disparaitre pendant deux semaines. Durant toute cette période, il a été gravement torturé par les forces américaines ; il a notamment subi des chocs électriques et des simulations de noyade. Il a ensuite été détenu dans plusieurs autres centres de détention : Camp Cropper (aujourd'hui connu sous le nom de la prison d'Al Karkh), la prison d'Abou Ghraib et le Camp Bucca, avant d'être remis finalement aux autorités irakiennes en juillet 2011.

Lors de sa détention dans des centres alors sous contrôle américain, Shawki Omar a été condamné en juin 2010 à 15 ans de prison pour « entrée illégale en Irak », à l'issue d'un procès manifestement inéquitable basé uniquement sur des procès verbaux signés sous la torture. En 2011, sa peine a été réduite par la juridiction d'appel à sept ans de prison.

Le Groupe de travail des Nations Unies a conclu qu'en l'espèce le cas constituait des « violations graves » de procédure, relevant notamment l'absence d'accès à un conseil et le caractère disproportionné de la peine prononcée à la suite d'un procès inéquitable. Les violations du droit de Shawki Omar à un procès équitable ont été considérées d'une telle gravité par le Groupe de travail qu'il a conclu que cette « privation de liberté » était arbitraire. Le Groupe a donc demandé à l'Irak de « libérer immédiatement » Shawki Omar et lui a reconnu le droit à une indemnisation.

Réagissant à la décision de l'ONU, l'avocat de Shawki Omar, Curtis Doebbler, a déclaré : « il est détenu arbitrairement depuis le début. Il n'aurait jamais dû être arrêté et torturé par l'armée américaine; Il n'aurait jamais dû être soumis à la torture ni à un procès inéquitable. Le Groupe de travail des Nations Unies représente une voix de plus appelant à sa libération. J'espère que cette fois-ci les autorités irakiennes et le gouvernement des États-Unis écouteront. »

« Mon mari a été détenu arbitrairement pendant de nombreuses années et maintenant, en plus de cela, nous ne savons même pas où il est. Il a été coupé de toute communication avec sa famille depuis plus d'un an, et nous ne savons rien de lui », explique la femme de Shawki Omar. « Nous sommes extrêmement préoccupés parce que nous croyons qu'il est très malade et qu'il ne reçoit pas les soins médicaux dont il a besoin. Aucune de nos tentatives de faire la lumière sur son sort n'a abouti. »

Alkarama salue l'adoption de l'avis et espère que cette décision soit mise en œuvre au plus tôt par les autorités irakiennes en libérant Shawki Omar, et en mettant un terme définitif aux pratiques inacceptables de disparition forcée, de torture et de détention arbitraire en Irak.

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