Irak: Libération de Mahmoud Farhan après quatre mois de disparition
Alkarama avait adressé le 20 mai 2009 une communication au Groupe de travail sur les disparitions forcées et au Rapporteur spécial contre la torture pour leur demander d'intervenir en urgence auprès des autorités en Irak dans le cas de onze personnes arrêtées ce même jour et dans les mêmes circonstances, parmi lesquelles se trouvait M. Farhan.
M. Mahmoud Kareem Farhan, né en 1963, domicilié à Bagdad, est un parent éloigné de M. Al-Dainy, député irakien, et travaille dans son bureau. Il a été arrêté en même temps que 10 autres personnes le 22 février 2009 dans le bureau de M. Al-Dainy réservé aux citoyens pour déposer des plaintes en cas de violation de leurs droits.
Des militaires, sous le commandement du Colonel Ali Saber Amrane, s'étaient introduits dans les locaux, sans mandat de justice. Tous les hommes présents ont été frappés, leurs yeux ont été bandés, et toutes les archives du bureau, contenant les plaintes des citoyens, ont été embarquées.
Ces arrestations sont liées aux activités de M. Al-Dainy , député au Parlement irakien, très engagé dans un travail de recherche et de documentation des violations des droits humains commis par les forces multinationales et irakiennes.
M. Farhan a transmis à Alkarama un témoignage circonstancié sur le traitement qu'il a subi : Les onze hommes ont été arrêtés par des membres du 2e bataillon de la 54e brigade, liés à la fameuse brigade Bagdad qui reçoit ses ordres directement du Premier ministre.
Ils ont été emmenés à un lieu inconnu, yeux bandés, menottés. Ce n'est que plus tard que M. Farhan a découvert qu'il se trouvait dans la " zone verte ", dans un centre contrôlée par la brigade Bagdad. Placé en isolement, il a rapidement été présenté à l'officier en charge de l'interrogatoire qui l'a menacé de tortures s'il ne signait pas la déclaration qu'il lui présentait. Ces " aveux " concernaient M. Al Dainy.
M. Farhan a refusé et en conséquence, il a été atrocement torturé. Il a subi la suspension, l'étouffement, l'agression sexuelle, les menaces de représailles sur la famille, etc.
Finalement les déclarations ont été signées contre son gré puisque menotté, ses tortionnaires ont apposé de force ses empreintes digitales sur le document.
Avant qu'une commission des droits de l'homme lui rende visite, il a subi des menaces de la part du commandant de la brigade qui lui a conseillé de ne pas parler de ce qu'il avait subi.
Quelques jours avant le 22 juin 2009, les membres de l'équipe de M. Al Dainy ont été rassemblés et emmenés dans une caravane où ils sont entrés un à un. L'homme masqué qui s'y trouvait, se présenta comme membre de la commission internationale des droits de l'homme et dit qu'il enquêtait sur le traitement que les détenus avaient subi. Une caméra de chaîne de télévision Al Iraqia les filmait l'un après l'autre. Ayant reconnu la voix de leur tortionnaire, ils ont, bien évidemment, nié avoir subi un quelconque mauvais traitement.
Le traitement des onze détenus dans la prison a changé lorsque M.. Al Dainy est apparu à la télévision. Ils ont été informés qu'une commission internationale allait leur rendre visite et que M. Al Dainy avait porté plainte devant l'ONU et qu'une enquête allait être menée.
Selon M. Farhan, des milliers de personnes sont détenues dans la prison de la brigade Bagdad, parmi lesquelles des femmes et leurs enfants. Lorsqu'une commission visite cette prison, elle est toujours accompagnée de membres de la brigade et ne peut jamais rencontrer les prisonniers seuls.
M. Farhan remarque : Si les membres de la garde de M. Al-Dainy sont traités de cette manière qu'en est-il des simples citoyens ?
Pour plus d'informations:
Irak: Disparition de 11 personnes de l'entourage de M. Mohammed Al-Dainy
Irak: Disparition forcée de M. Al Maliki
Irak: Disparition forcée de Omar Jasem, Hossein et Odey Mansoor
Irak : disparition forcée de M. Ryad Jasem
Irak: l'arrestation et la disparition de M. Al-Dainy (mise à jour)
Irak: Qui est M. Mohammed Al-Dainy, enlevé par les forces gouvernementales
Irak : Arrestation et enlèvement de M. Al-Dainy, membre du parlement