Egypte: M. Magdi Marei battu à mort par la police

Le corps sans vie de M. Magdi Marei a été jeté d'une voiture de police le 11 juillet 2009 près du village de Arimon dans le gouvernorat de El Behira. Auparavant plusieurs membres de sa famille avaient été brutalisés et une partie de la maison de son frère avait été démolie par ces mêmes forces de l'ordre.

Alkarama a soumis une communication le 7 septembre 2009 au Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires lui demandant d'intervenir auprès des autorités égyptiennes afin qu'elles donnent suite à la plainte de la famille et ordonnent une enquête sur ce décès.

Mr Magdi Anouar Abu al Nader Marei, 43 ans, était fermier, vivant et travaillant dans le village Arimon, Mahmoudiya, dans le gouvernorat de El Behira. Des voisins avaient porté plainte contre un agrandissement de la maison de son frère mitoyenne. Le 11 juillet 2009, de nombreux policiers des  stations de Fisha et de Mahmoudiya se sont rendus au domicile familial, munis de matraques et d'armes.

Ils ont ordonné au frère de M. Marei de détruire l'extension de sa maison. Ce dernier leur a demandé s'ils avaient une autorisation ou s'ils étaient en possession d'une décision de justice ordonnant cette démolition. L'officier de police commandant l'opération a répondu qu'ils n'en avaient pas besoin. M. Saeed Marei a refusé alors de détruire le bâtiment en question. L'officier a alors commandé à ses hommes de le faire. Lorsque les membres de la famille ont tenté de résister, ils ont été battus et menacés, femmes et enfants inclus.

Une fois la démolition achevée, les forces de police ont voulu disperser les personnes qui observaient les faits, mais ces derniers ne se laissant pas renvoyer, ils ont à leur tour été battus. Ils ont ensuite attrapé la fille de M. Magdi Marei et l'ont traînée sur le sol vers le véhicule de police. Son oncle, Saeed Marei qui a essayé de s'interposer, a lui aussi été embarqué dans la même voiture qui a démarré à toute allure. M. Magdi Marei a couru derrière la voiture pour l'arrêter mais les agents de police sur place, l'ont arrêté et battu, avant de l'introduire dans une autre voiture qui elle aussi a quitté les lieux à grande vitesse.

Selon le témoignage de nombreuses personnes présentes, la voiture dans laquelle se trouvait M. Magdi Marei s'est soudain arrêtée et son corps en a été éjecté. Il était sans vie, battu à mort. Sa fille a été libérée tandis que son frère a été transféré à la station de police de Fisha.

L'autopsie de M. Magdi Marei a conclu qu'il était décédé des suites de coups ou après s'être cogné contre un objet solide. Ceci confirme que le décès est du aux coups reçus avant d'avoir été embarqué et dans la voiture.

Après sa libération, M. Saeed Marei a porté plainte auprès du procureur général de Mahmoudiya. Or l'agent qui est chargé de l'enquête est un officier des services de renseignements connu pour les  abus et tortures qu'il a commis. Il a jusqu'à ce jour nié qu'un quelconque incident ait eu lieu, alors que même les forces de police confirment ces faits.

Ces cas ne constituent malheureusement pas des situations isolées. Cette pratique est généralisée et se perpétue en toute impunité en Egypte.

L'Egypte a ratifié la Convention contre la torture le 25 juin 1986 et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques le 14 janvier 1982 et s'est engagée à en respecter les principes.

Nous rappelons que l'Egypte va être examinée dans le cadre de l'examen périodique universel du Conseil des droits de l'homme début 2010. Alkarama a présenté dans ce cadre un rapport.