Egypte : Le ministère de l'Intérieur ignore une décision de justice et place en détention administrative 21 dirigeants des Frères musulmans
Ces 21 personnes faisaient partie d'un groupe de 42 dirigeants des Frères musulmans arrêtés vendredi matin à la suite d'annonces de leurs candidatures aux prochaines élections législatives, annonces faites tout au long de la semaine. Les personnes ont été arrêtées à leurs domiciles à l'aube du vendredi 12 mars 2010. Les arrestations ont été suivies de perquisitions des domiciles des victimes durant lesquelles la plupart de leurs affaires personnelles ont été confisquées. Les 42 victimes ont été détenues tout le week-end à différents lieux de détention.
Lundi 15 mars 2010, les personnes arrêtées à Giza ont été présentées des procureurs des quartiers de Haram, Badrashain, Giza centre et Doqqi ; celles de Dakhaliah ont été présentées devant le procureur du même quartier. Après le traitement des « dossiers » des 21 personnes, les procureurs ont, par manque de preuves, délivré des ordres de libération pour chacune d'entre elles. Le ministère de l'Intérieur a immédiatement délivré des ordres de détention administrative pour les 21 victimes (leurs noms figurent ci-dessous). Ils ont été transférés dans des centres de détention de la sûreté de l'Etat le matin du jeudi 16 mars 2010 : ceux de Giza ont ét&eacut! e; transférés à la prison de Bordj Al-Arab et ceux de Dakhaliah à la prison de Damanhour.
Ne pas respecter une décision judiciaire émise par une juridiction compétente en délivrant un ordre de détention administrative constitue sans aucun doute pour la branche exécutive du gouvernement une violation des garanties pour un procès équitable, telles que formulées dans l'article 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Les détenus n'ont pas été en mesure de contester la légalité de leur détention devant une juridiction compétente étant donné qu'une instance judiciaire avait déjà ordonné leur libération. Cet ordre a été ignoré par la branche exécutive du gouvernement égyptien. De plus, les détenus n'ont pas été informés des raisons ou ! de la durée de leur détention. Alkarama a traité de nombreux cas d'Egypte où les victimes ont passé plus de 10 ans en détention administrative sans aucune accusation, ni jugement.
Ces personnes sont détenues précisément pour avoir exprimé leurs opinions politiques : elles ont été arrêtées après avoir annoncé leurs candidatures aux prochaines élections législatives. Or le droit d'exprimer librement ses opinions politiques est garanti par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Toute détention qui résulte de l'exercice de ces droits est considérée comme arbitraire.
La détention des 21 dirigeants des Frères musulmans est clairement arbitraire. Alkarama informera par conséquent les mécanismes onusiens des droits de l'homme de ces arrestations en leur demandant de statuer sur la nature arbitraire de ces arrestations et des détentions. Alkarama demande au gouvernement égyptien de libérer immédiatement ces personnes et de cesser d'utiliser la détention administrative pour faire mainmise sur les opposants politiques. Elle exhorte aussi les autorités égyptiennes de cesser de délivrer des ordres de détention administrative et de respecter les ordres de libération émis par les instances judiciaires compétentes.
Les 14 victimes actuellement placées en détention administrative à la prison de Bordj Al-Arab sont : Mohammed Faki, Abdel Nasser Abu Al-Dahab, Akasha Abad (former candidate of the Muslim Brotherhood in Parliamentary elections), Mohammad Farooq, Abdel Fattah Hanafi, Ahmad Murad, Rafat Saad, Hossam Shandi, Mohammed Abu Al-Qasim, Muhammad Hussain, Khalid Fadl, Ali Jaber, Abdel Karim Abdel-Maksoud, Abdel-Fattah Fathi
Les 7 victimes actuellement placées en détention administrative à la prison d'Al-Masoura sont : Ibrahim Saleh, Mohammed Haikal, Saber Abu Zeid, Mohamed al-Zamity, Ramadan al-Khatib, Salah al-Din Saad, Adel Abdul-Rahim