Égypte: la vie de Alia Awad la photographe et journaliste emprisonnée est en danger

Awad

Alia Awad, une photographe et journaliste égyptienne, détenue en prison depuis près de cinq ans, et  interdite de visite depuis près d'un an fait face à des risques imminents au cours de sa détention pour des raisons de  négligence médicale des suites d’une tumeur à l’utérus et autres maladies ayant pour conséquence  une détérioration grave de sa santé.
Alkarama exprime sa grave préoccupation quant au sort d'Alia et d'autres détenus dans les prisons égyptiennes, et exhorte le gouvernement égyptien à assumer ses responsabilités en vertu du droit international des droits de l'homme et à mettre fin aux souffrances de milliers de prisonniers politiques, y compris des défenseurs des droits de l'homme et journalistes.

Activité d’Alkarama
Il est à noter que, le 12 juillet 2018, Alkarama a écrit aux procédures spéciales des Nations Unies (*), leur demandant d'intervenir dans l'affaire de la photographe journaliste Alia Awad, arrêtée le 23 octobre 2017, pour avoir couvert des faits liés au terrorisme  et est actuellement détenue dans la prison d'Al-Qanater.
Mme Awad est l'une des nombreuses journalistes en Égypte qui ont été punies en vertu de la loi antiterroriste de 2015 pour avoir accompli leur travail simplement.  Cette loi criminalise toute couverture d'attaques terroristes ou d'opérations de contre-terrorisme dans le pays qui sont jugées incompatibles avec le discours du gouvernement.
C'est la deuxième fois que la jeune journaliste de 35 ans est arrêtée arbitrairement en raison de son militantisme.  Mme Awad avait déjà été arrêtée le 3 septembre 2014 par les Forces de sécurité nationales pour avoir enregistré une cassette vidéo dans laquelle des membres masqués des «Brigades Helwan» annonçaient leur intention de cibler les installations de police dans la région de Helwan, au sud du Caire. Après son enlèvement, elle a disparu  pendant un mois et a été forcée sous la torture d'avouer avoir filmé et publié la vidéo parce qu'elle «sympathisait avec les Frères musulmans».
Le 3 octobre 2014, Mme Awad a été vue au quartier général des Forces de sécurité nationales par des avocats qui visitaient le bâtiment, informant sa famille de l'endroit où elle se trouvait.
En tant que l'une des 150 accusés qui ont été jugés dans le procès de masse connu sous le nom de l'affaire des «Brigades Helwan», le 19 février 2015, Mme Awad a été accusée d'avoir « rejoint un groupe constitué en violation des dispositions de la loi», « publié en vue de la promotion du groupe » et « participé à un rassemblement dans le but de le saboter ».  Mme Awad a été libérée le 28 mars 2016 en raison de problèmes de santé, bien qu'elle n'ait pas été acquittée des charges retenues contre elle.
Mme Awad a été arrêtée pour la deuxième fois le 23 octobre 2017 au tribunal pénal du Caire situé à l'Institut des commissaires de police de Tora, après avoir été convoquée à une audience dans l'affaire des «Brigades Helwan» par le parquet de la sûreté de l'État. Elle a été disparue de force jusqu'au 28 octobre 2017, date à laquelle sa famille a été informée par des agents de sécurité qu'elle était détenue au poste de police de Helwan, à partir de laquelle ils ont pu lui rendre visite chaque semaine.  Le 29 janvier 2018, elle a été transférée à la prison d'al-Qanater, où elle est actuellement détenue.
Pendant sa détention, la santé de Mme Awad s'est considérablement détériorée.  Après un examen médical, les médecins ont découvert des tumeurs bénignes dans l'utérus, et l'administration de la prison d'Al-Qanater a décidé de subir une hystérectomie, malgré son refus de donner son consentement pour cette opération.  C'est alors que le 30 juin 2018, Mme Awad a subi une opération à l'hôpital gouvernemental Qasr al-Aini, durant laquelle les médecins n'ont prélevé que des tumeurs utérines, sans lui faire subir d'hystérectomie forcée. Quatre jours après l'opération, elle a été transférée à la prison de Qanater, où l'administration pénitentiaire surveille son traitement, mais l'expose en même temps à des abus psychologiques.
Le 12 juillet 2018, Alkarama a lancé un appel urgent aux procédures spéciales des Nations Unies, car les droits de Mme Awad à la liberté d'expression, à la liberté, à la sécurité, à la santé et aux droits reproductifs ont été violés par les autorités égyptiennes.
 Alkarama a demandé l'intervention d'experts des Nations Unies pour appeler les autorités égyptiennes à libérer immédiatement Alia Awad et à abandonner toutes les charges retenues contre elle, et à lui offrir un traitement approprié au minimum.  Alkarama a également demandé aux procédures spéciales de faire appel aux autorités égyptiennes pour qu'elles protègent le droit de leurs citoyens à la liberté d'expression et mettent fin à l'utilisation de la législation antiterroriste pour poursuivre les journalistes pour la simple couverture des affaires antiterroristes.

(*) Les procédures spéciales des Nations Unies auxquelles Alkarama a écrit à ce sujet sont les suivantes: