Égypte : Détention arbitraire d’un professeur d’université

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Le 22 octobre 2014, Alkarama et AFD International ont saisi le Groupe de Travail des Nations Unies sur la détention arbitraire (GTDA) du cas du Dr Mohamed Abdelhamid Abdelhamid Kharaba, un professeur d'université détenu arbitrairement dans la prison Al-Hadra d'Alexandrie depuis son arrestation le 24 novembre 2013. Sa famille soutient que son combat contre la corruption à l'Université d'Alexandrie est la raison de son arrestation, et rejette les faits fantaisistes qui lui sont reprochés.

La lutte de Kharaba contre les abus du doyen de l'Université d'Alexandrie lui avait déjà valu d'être emprisonné sous l'ère Moubarak, en raison de la connivence des autorités avec ce dernier et de l'absence de lutte réelle contre la corruption en Égypte. Après sa libération à la suite de la révolution, Kharaba a repris son travail à l'Université. Il eut cependant la surprise de voir les services de renseignements et des agents de police venir chez lui, dans la nuit du 24 novembre 2013. Sans mandat d'arrêt et sans lui expliquer les raisons de son arrestation, il fut été emmené au siège principal de la sureté de l'Etat, pour y être interrogé.

Il fut alors inculpé de « meurtres lors des évènements de la place Rabaa du 14 août 2013 » et lors des « évènements de Ramsès du 16 août 2013 », d'avoir « dévalisé une banque », « brulé une église », « incité à la violence et au chaos », « cherché à déstabiliser l'état de droit », et enfin d'appartenir à « un groupe [politique] interdit » et d'en être l'un des dirigeants. Kharaba, indigné, a déclaré n'avoir pris part à aucun des événements cités, étant en vacances à Marsa Matruh au moment des supposés faits.
D'autre part, s'il est adhérant à un parti politique autre que celui des Frères Musulmans, il n'y exerce aucune sorte d'activité, et encore moins de direction. Il lui est donc apparu que son arrestation était politique et liée à sa dénonciation du doyen quelques années plus tôt, et que les faits ont été inventés pour justifier sa nouvelle arrestation.

Malgré ses protestations, il fut réinterrogé le lendemain par le procureur, sous de nouveaux chefs d'inculpation et ce, sans la présence de son avocat. Suite à cela, il a été emmené à la prison Al-Hadra, où il reste détenu à ce jour, sans avoir été jugé. En vertu de la législation égyptienne et des accusations retenues contre lui, il pourrait voir sa détention provisoire renouvelée de manière indéfinie.

Alkarama et AFD International ont donc saisi le GTDA à ce propos, afin qu'il rende un avis sur le caractère arbitraire de la détention de Kharaba et qu'il soit ainsi demandé aux autorités égyptiennes de procéder à sa libération immédiate. Les autorités égyptiennes devraient cesser d'utiliser les procédures légales et judiciaires pour museler les opposants et les citoyens demandant des réformes et garantir l'indépendance de la justice en ce sens.

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