Djibouti: Recours excessif à la force par la police contre un membre de l’opposition

Recours excessif à la force par la police contre un membre de l’opposition

Le 3 décembre 2015, alors que des membres de la coalition de l'opposition Union pour le Salut National (USN) se rendaient à Ali Sabieh pour des meetings, ils ont été arrêtés pour un contrôle de police au cours duquel l'un d'entre eux, Mohamed Abdallah Dabaleh, a fait l'objet d'un tir délibéré d'un gaz lacrymogène au torse, le faisant perdre conscience. Alertée, Alkarama a envoyé un appel urgent auprès du Rapporteur Spécial des Nations Unies sur le droit de réunion pacifique et d'association (SR FPAA) afin qu'il intervienne auprès des autorités et fasse cesser l'escalade de violence et de répression contre l'opposition. Entre temps, une quarantaine de personnes auraient été arrêtées dans l'après-midi.

Arrêt au poste de contrôle

Une délégation de cadres de l'USN est partie de Djibouti-ville pour se rendre à Ali Sabieh, une ville située au sud-ouest de la capitale, pour participer à des meetings. Avant même de partir, leurs véhicules avaient été intégralement fouillés par la police, sans qu'ils n'y opposent aucune résistance. Une fois arrivés à l'entrée d'Ali Sabieh, ils ont été à nouveau arrêtés par les forces de l'ordre, qui disposent d'un poste de contrôle à cet endroit. Se montrant toujours coopératif, les membres de l'USN ont attendu avant de se rendre compte qu'en réalité, la police ne souhaitait pas qu'ils entrent dans Ali Sabieh. Une discussion s'est alors engagée mais la situation s'est rapidement détériorée lorsque les policiers se sont mis à lancer des gaz lacrymogènes en l'air, afin d'intimider les membres de l'USN.

Alors que ces derniers commençaient à s'éloigner en reculant, l'un des policiers a délibérément visé Mohamed et a tiré une cartouche de gaz lacrymogène sur lui, l'atteignant au torse. Le fait de viser de manière volontaire un individu et de porter atteinte ainsi à son intégrité physique caractérise un recours à la force excessif par les forces de l'ordre. Sous la force du choc, ce dernier est tombé et s'est évanoui. Eloigné des émanations de gaz par les membres de l'USN, les policiers n'ayant pas réagi, il a rapidement repris conscience. Bien que Mohamed ne semble pas présenter de blessure grave à première vue, les policiers n'ont tout de même pas jugé bon de prévenir les secours et ont simplement autorisé la délégation à passer.

Vague d'arrestation à Ali Sabieh

En pénétrant dans la ville après cet incident, les membres de l'USN ont vite remarqué qu'un important dispositif policier avait été déployé et craignaient que leur manifestation pacifique ne soit perturbée par les forces de l'ordre. De fait, l'USN et d'autres groupes de l'opposition on rapidement fait état de nombreuses arrestations d'opposants dans la ville mais aussi de nouveaux jets de gaz lacrymogènes. Alors que la situation n'est pas encore totalement revenue au calme, c'est plus d'une quarantaine de personnes qui auraient été arrêtées, simplement pour avoir voulu participer à un meeting pacifique de l'opposition

« Ces incidents interviennent dans un contexte politique très instable à Djibouti et démontre la volonté des autorités d'étouffer toute forme d'opposition organisée alors qu'approche les élections présidentielles de 2016 », a déclaré Thomas-John Guinard, responsable de la région Nil à Alkarama. De nombreuses personnes, dont des mineurs, avaient déjà été arrêtées au cours des dernières semaines.

En vue de faire cesser ces violences policières et ces arrestations arbitraires d'opposants, Alkarama a saisi le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur le droit de réunion pacifique et d'association (SR FPAA) afin qu'il intervienne auprès des autorités djiboutiennes pour qu'elles lancent des enquêtes indépendantes dans les événements de la journée et poursuivent les auteurs des violations. Les autorités doivent garantir que tout individu puisse exprimer ses opinions de manière libre et pacifique et libérer toutes les personnes détenues arbitrairement.

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