Arabie saoudite: Un ressortissant yéménite détenu depuis 4 ans après avoir déporté de Malaisie

Yahya Hussein Ahmad Shaqibel, un ressortissant yéménite de 33 ans, a été arrêté en octobre par des agents des forces de sécurité malaysiennes non identifiés sur ordre des services de renseignement saoudiens (Mabahith) alors qu'il effectuait un voyage d'affaires à Kouala Lampour. Il a été ensuite déporté vers l'Arabie saoudite où il a été arrêté dès son arrivée. Après quatre and de détention arbitraire, il est maintenant accusé de "khariji" et de terrorisme et attend son verdict.

Yahya Al-Shaqibel est né en Arabie saoudite en 1980 et a vécu dans son pays natal jusqu'à son retour au Yémen en 2006. Après avoir effectué toutes les démarches administratives nécessaires pour quitter le pays en règle, il s'est installé à Sanaa où il a ouvert un magasin d'ordinateurs.

Au début du mois d'octobre 2009, M. Al-Shaqibel s'est rendu en Malaisie pour y acheter du matériel électronique pour son magasin. Le 9 octobre, il a été arrêté par des forces malaisiennes non identifiées à la demande des services de renseignement saoudiens (Mabahith) sans connaître les raisons de son arrestion. Après plus d'un mois d'interrogatoires en Malaisie, les autorités malaisiennes n'ont pas ouvert de procédure judiciaire à son encontre; elles l'ont simplement informé qu'il serait déporté vers le Yémen.

Le 15 novembre 2009, M. Shaqibel est monté à bord d'un avion pour quitter le territoire malaisien. Il a vite réalisé que le Yémen n'était pas sa destinaiton lorsque l'appareil a atteri à l'aéroport de Riyad, en Arabie saoudite. Dès son arrivée sur le sol saoudien, il a été arrêté par les Mabahith.

Il a ensuite été interrogé pendant deux mois par les mêmes services. Pendant tout la période de "l'enquête", il a été victime de tortures et de mauvais traitements: il a notamment été privé de sommeil et été roué de coups. Au début de l'année 2010, M. Shaqibel a été finalement transféré du bureau des services de renseignement où il était détenu, à la prison d'Al-Hayer où il a été détenu à l'isolement pendant plus d'un an sans contact avec le monde extérieur et sans accès à un avocat.

Plus de trois ans et demi après son arrestation, en mai 2013, M. Shaqibel a comparu pour la première fois devant la Cour criminelle spéciale de Riyad, une juridiction critiquée par de nombreuses organisations de défense des droits de l'homme pour sa non-conformité avec les standards internationaux relatifs à un procès équitable.

M. Shaqibel a été accusé d'être un "khariji", de ne pas suivre l'interprétation officielle saoudienne de l'Islam sunnite, d'être un intermédiaire pour Al-Qaida et de financer des activités terroristes.

Le ressortissant yéménite a nié toutes les accusations portées contre lui, en mettant en avant le fait que son inculpation s'est faite sans preuve aucune. Jusqu'à sa première comparution début mai 2013 où il a été en mesure de choisir un avocat sur la liste de noms que le juge lui a donnée, il n'a jamais bénéficié d'une assistance juridique. Son avocat est maintenant autorisé à lui rendre visite mais la victime n'a pas le droit de le contacter depuis la prison.

Après trois audiences devant la Cour, dont la dernière s'est tenue le 17 juin dernier, M. Al-Shaqibel est toujours en attente de son verdict.

Considérant le caractère arbitraire de sa détention, Alkarama a soumis son cas au Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations Unies aujourd'hui en lui demandant d'intervenir auprès des autorités saoudiennes pour obtenir sa libération immédiate.