Arabie Saoudite: Un détenu yéménite torturé dans une prison saoudienne suite à son extradition par le Qatar

Iwad Al Hayki, citoyen yéménite de 33 ans, est emprisonné à la prison d'Al Qasim depuis le 18 octobre 2010, date à laquelle il a été remis par le Qatar aux autorités saoudiennes. Détenu à l'isolement et au secret pendant près d'un an, il a subi de graves tortures. A ce jour, il n'a toujours pas été inculpé, ni jugé. Autant sa « restitution » par le Qatar aux autorités saoudiennes que les actes de tortures qu'il a subis en en détentionconstituent de graves violations de la Convention contre la torture, à laquelle les deux Etats sont parties

.Le 18 octobre 2010, Iwad Al Hayki reçoit un appel de la police du Qatar, lui demandant de se rendre au poste de police central de Doha pour interrogatoire. Dès son arrivée au commissariat, on l'informe qu'il est recherchépar les autorités saoudiennes et qu'ilsera « remis » à ces dernières, sans pour autant lui donner d'autres explications. Le même jour, on le met dans un avion en direction de l'Arabie saoudite où il est immédiatement placé en détention à à la prison d'Al Qasim. Onze mois durant, son épouse et ses quatre enfants resteront sans nouvelle de lui

Privé de tout contact avec sa famille et le monde extérieur pendant toute une année, il n'a eu le droit de téléphoner à sa famille qu'en septembre 2011. Durant sa détention, M. Al Hayki a été victime de tortures. Humilié, exposé à des températures très basses, battu régulièrement, tous ces mauvais traitements lui ont causé entre autres des problèmes de santé au niveau du côlon A aucun moment, il n'a pu bénéficier de soins médicaux pour ces problèmes de santé. Après plusieurs mois de détention, il a entamé une grève de la faim pour protester contre sa détention et les tortures qu'il subiesCependant, les gardiens l'ont forcé à se nourrir à travers une sonde d'alimentation par le nez,

Vingt-neuf mois se sont écoulés depuis son arrestation mais Iwad ne sait toujours pas pourquoi il est détenu, ni pourquoi il n'a jamais été présenté devant une autorité judiciaire.

La « restitution » d'Iwad Al Hayki par le Qatar est clairement une violation de la Convention contre la torture, à laquelle l'Etat est partie. L'article 3 prévoit en effet : « aucun Etat partie n'expulsera, ne refoulera, ni n'extradera une personne vers un autre Etat où il y a des motifs sérieux de croire qu'elle risque d'être soumise à la torture ». Les préoccupations quant à la pratique généralisée de la torture dans les centres de détention saoudiens ont été soulevées à maintes reprises par la communauté internationale. En janvier 2012, Rupert Colville, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, a déclaré : « la pratique de la torture visant à extorquer des aveux est endémique en Arabie saoudite ». Etant donné qu'il y avait des motifs sérieux de croire qu'il risquait d'être soumis à des tortures en Arabie saoudite, le Qatar n'aurait pas dû procéder à son extradition.

Le 14 mars 2013, Alkarama a sollicité l'intervention du Rapporteur spécial sur la torture des Nations unies afin qu'il intervienne auprès des autorités yéménites et saoudiennes pour leur rappeler leurs obligations découlant de la Convention contre la torture et pour que ces deux Etats mettent immédiatement un terme aux tortures subis pas M. Al Hayki. Alkarama a également demandé qu'il soit libéré immédiatement ou formellement inculpé et jugé dans les plus brefs délais dans un cadre qui soit conforme aux standards internationaux relatifs à un procès équitable.

Nous demandons également aux autorités saoudiennes d'ouvrir une enquête prompte, impartiale et effective sur les allégations de torture. Enfin, nous demandons aux deux Etats de prévoir une réparation adéquate pour les violations subies par la victime.

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