Algérie: Malik Medjnoun, emprisonné depuis plus de 10 ans, a suspendu sa grève de la faim

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Malik Medjnoun, en détention provisoire depuis 1999, a reçu la visite du procureur général du tribunal de Tizi Ouzou le 3 août 2010. Ce dernier s'est engagé à fixer son procès lors de la prochaine session criminelle en octobre de cette année.

Malik, en grève de la faim depuis le 25 juin 2010, a suspendu son action le 3 août tout en annonçant qu'il a l'intention de la reprendre dès septembre 2010 si son procès n'est pas programmé pour la prochaine session criminelle.

Malik Medjnoun est accusé de complicité dans l'assassinat le 25 juin 1998 par un groupe armé non identifié de Lounès Matoub, un des chanteurs algériens les plus engagés. Détenu depuis septembre 1999, il a toujours nié être impliqué dans ce crime. Il avait entamé une nouvelle grève de la faim pour qu'enfin son appel à être jugé soit entendu.

Enlevé près de son domicile à Tizi-Ouzou le 28 septembre 1999 par des agents du Département des renseignements et de la sécurité (DRS), Malik Medjnoun a été détenu au secret à la caserne « Antar » de Ben Aknoun (Alger) relevant du DRS. Durant ces huit mois de détention, il a été sauvagement torturé selon les techniques habituellement utilisées par ce service (méthode du chiffon, électricité. etc.). Présenté le 05 mai 2001 devant le tribunal criminel de Tizi-Ouzou, son affaire a été renvoyée sine die. Depuis, il attend d'être présenté devant un tribunal afin que son son innocence soit établie.

Nous rappelons que la situation de M. Malik Medjnoun avait été soumise au Comité des droits de l'homme de l'ONU le 11 juin 2004 qui avait statué sur sa plainte le 14 juillet 2006. Aux termes de ses constatations, le Comité onusien avait fait droit à toutes ses demandes et enjoint aux autorités algériennes :

« D'amener Malik Medjnoune immédiatement devant un juge pour répondre des chefs d'accusation ou le remettre en liberté, de mener une enquête approfondie et diligente sur sa détention au secret et les traitements qu'il a subis depuis son enlèvement le 28 septembre 1999 et d'engager des poursuites pénales contre les personnes responsables de ces violations ».

Au cours de la procédure, le gouvernement algérien avait informé le Comité des droits de l'homme par lettre du 28 décembre 2004 « que l'affaire devait être soumise incessamment au tribunal criminel de Tizi-Ouzou pour y être jugée ».

En dépit de ces engagements du gouvernement algérien et des constatations du Comité, M. Medjnoune attend toujours d'être jugé. Il n'y a aucun précédent à ce jour en Algérie d'un cas de détention préventive de plus de 10 années. Il s'agit d'une violation particulièrement grave des engagements de l'Algérie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui interdit les détentions arbitraires et considère qu'une personne doit être jugée sans retard excessif.