Algérie : Le journaliste indépendant Adlène Mellah de nouveau en prison

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Le directeur des sites d’information Algérie Direct et Dzair Presse, Adlène Mellah, a de nouveau été arrêté le 9 décembre 2018 lors d’une manifestation de soutien au chanteur Reda City 16 actuellement détenu à la prison d’El Harrach. S’agissant d’une nouvelle violation grave des autorités algériennes à la liberté d’expression et au droit de réunion pacifique, Alkarama a envoyé le 14 décembre une communication urgente au Rapporteur spécial de l’ONU sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression (FRDX).

Cette arrestation intervient alors que le journaliste avait déjà été arrêté le 22 octobre dernier. Il avait alors été conduit au Groupement de la Gendarmerie de Bab-Jdid, à Alger afin d’y être interrogé. Une plainte pour diffamation avait ensuite été déposée par le PDG du groupe privé Ennahar, connu pour sa proximité avec le gouvernement algérien, dans une affaire opposant le média avec le cyberactiviste Amir Boukhors actuellement exilé en France.

Amir Boukhors, connu en Algérie sous le nom d’Amir DZ, dénonce régulièrement sur sa page Facebook des affaires de corruption touchant de hauts dignitaires algériens. Les journalistes Abdou Semmar et Merouane Boudiab avaient été arrêtés le même jour pour les mêmes motifs.

Lors de sa garde à vue, les gendarmes l’ont principalement interrogé sans la présence de son avocat sur ses liens avec M. Boukhors. Adlène Mellah rapportera par la suite avoir subi des traitements inhumains et dégradants, et ce en présence d’un haut gradé de la gendarmerie, le lieutenant-colonel Zerdoumi Amar. Suite à ces tortures il a été transféré en urgence à l’hôpital d’El Kettar. Lorsque le journaliste a demandé à faire constater ses blessures, le médecin de service a refusé d’accéder à sa demande. Le droit algérien prévoit pourtant que l’examen médical est obligatoire à l’expiration du délai de garde à vue.

Le 24 octobre 2018, il a été présenté devant le procureur de la république et inculpé de « diffusion d’informations personnelles sur les réseaux sociaux », « outrage aux institutions » et « atteinte à la vie privée ». Il sera finalement remis en liberté provisoire le 22 novembre 2018 par le tribunal d’Alger dans l’attente de son procès prévu le 7 février 2019. Les journalistes Abdou Semmar et Merouane Boudiab avaient quant à eux déjà été libérés le 8 novembre.

A peine 15 jours après sa remise en liberté provisoire, Adlène Mellah a donc de nouveau été arrêté lors d’une manifestation organisée devant le théâtre national à Alger en soutien à Reda City 16, de son vrai nom, Reda Hamimed, également victime de représailles en raison de liens supposés avec Amir DZ. Il est poursuivi pour « organisation de manifestation interdite ». Son procès aura lieu le 18 novembre prochain.

Dans sa plainte au Rapporteur spécial de l’ONU, Alkarama appelle ce dernier à enjoindre aux autorités algériennes de libérer immédiatement le journaliste Adlène Mellah. Ces dernières ont l’obligation légale de s’abstenir de toute mesure susceptible d’entraver les activités légitimes des journalistes indépendants exerçant pacifiquement leur droit à la liberté d’expression conformément avec l’article 19 du Pacte international des droits civils et politiques (PIDCP) ratifié par l’Algérie en 1989.

Par ailleurs les autorités sont également tenues de procéder à une enquête prompte et impartiale concernant les actes de tortures subis par le journaliste et de poursuivre les responsables.

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