Algérie : L'affaire de Sadek Rsiwi, un ancien combattant de l'ALN disparu depuis 1996, portée devant l'ONU

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Le 7 septembre 2016, Alkarama a soumis au Comité des droits de l'homme (CDH) des Nations Unies, le cas de Sadek Rsiwi, un ancien combattant de l'Armée Nationale de Libération (ALN) et père de huit enfants, disparu depuis 1996 après avoir refusé de prendre la tête d'une milice armée locale à la demande du Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS), refusant ainsi de s'impliquer dans la guerre civile qui a fait suite au coup d'état militaire de janvier 1992.

Au début du mois de mars 1996, et en représailles à son refus, Sadek Rsiwi avait été arrêté à son domicile à Ghardaïa par des personnes armées et emmené au secteur militaire de la ville à bord d'un véhicule officiel. Les 17 et 18 mars, son épouse et son fils ont pu lui rendre visite à la caserne de Ghardaïa où il était illégalement détenu et lui apporter vêtements, nourriture et médicaments. Cependant, à la tentative suivante, les militaires les ont informées que M. Rsiwi avait été « transféré à Ouargla », siège de la 4ème Région militaire. Son épouse s'y est immédiatement rendue afin de s'enquérir de son sort mais il lui a été répondu qu'il n'y avait « jamais été enregistré ». Elle est alors retourné alors au secteur militaire de Ghardaïa où un officier lui a intimé l'ordre de ne plus revenir en la menaçant de représailles si elle persistait à demander de ses nouvelles.

Depuis, les autorités ont continuellement refusé d'informer la famille de Sadek Rsiwi de son lieu de détention et de donner suite à leurs nombreuses démarches. Toutes les lettres adressées par son épouse aux institutions judiciaires et administratives afin d'obtenir des informations sur sa situation sont restées sans réponse. Elle avait notamment écrit aux commandants des secteurs militaires de Ghardaïa et de Ouargla puis au minsitre de la défense avant de saisir le Président de la République mais toujours en vain. Ses plaintes et démarches auprès du procureur général de Ghardaïa tout comme ses appels à l'aide à l'Observatoire national des droits de l'homme (ONDH) et au médiateur de la République sont également restés sans réponse.

Le 16 mars 2002, la Commission nationale pour la protection et la promotion des droits de l'homme (CNCPPDH) créée pour remplacer l'ONDH, a adressé une lettre à son épouse l'informant qu'au vu des recherches prétendument effectuées par la gendarmerie de Ghardaïa, Sadek Rsiwi n'avait « jamais été arrêté par les services de sécurité ».

Entre 1992 et 1998, la guerre civile aura fait plus de 150 000 morts et entre 8 000 et 20 000 disparus imputables directement aux forces de sécurité algériennes, dont la police, la gendarmerie et l'armée nationale populaire. Dans le cadre du processus dit de « réconciliation nationale », les autorités algériennes ont promulgué une ordonnance qui donne une impunité totale aux auteurs des crimes commis durant ces évènements et se sont toujours refusé de faire la lumière le sort des victimes disparues.

Alkarama a été mandatée par la famille de Sadek Rsiwi pour soumettre son cas au Comité des droits de l'homme afin que les autorités algériennes fassent toute la lumière sur sa disparition et que ses proches puissent enfin connaitre la vérité sur son sort.

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