ALGÉRIE: LA DISPARITION DE L'AVOCAT MESSAOUD MENNICHE DEVANT LE COMITE DES DROITS DE L’HOMME DE L’ONU.

Me Menniche

Alkarama a déposé, lundi 28 juillet 2020, une communication au Comité des droits de l'homme des Nations Unies concernant Maître Messoud Menniche, un avocat algérien kidnappé par les services de sécurité dans la wilaya de Blida le 6 avril 1996.

 Arrivé au parking devant son domicile Cité Al-Horriya à Ouled Yaiche dans la soirée du 6 avril 1996 un véhicule sans plaques d’immatriculation s’est arrêté à son niveau et plusieurs hommes armés et en civil l’ont saisi de force et emmené dans le coffre de leur voiture vers une destination inconnue alors que l’un d’eux a emmené son propre véhicule qui sera retrouvé complètement calciné quelques jours plus tard près du siège de la brigade locale de la gendarmerie nationale.

La scène s’est déroulée devant les deux filles de la victime qui attendaient leur père sur le balcon de leur appartement ainsi que devant le gardien du parking.

Quelques jours auparavant, Me Menniche qui avait déposé une plainte pénale contre Mme Adrouch Jaouhara la secrétaire de ses clients victimes d’escroquerie et d’abus de confiance, avait été menacé par cette dernière qui se prévalait de ses relations et de la protection du général Djebbar Mehenna, commandant du Centre territorial de recherche et d’investigation de Blida (CTRI). Cette caserne des services de renseignement de la 1ere région militaire reste notoirement connue pour les milliers de personnes qui y ont été torturés ou ont définitivement disparus.

Quelques jours avant son enlèvement, Me Menniche avait écrit un courrier au bâtonnier d’Alger pour l’informer de ces menaces et pour exprimer ses craintes de représailles de la part de Mme Adrouch. Il avait également informé plusieurs de ses confrères des risques qu’il courrait en raison des relations entretenues par Mme Adrouch avec les autorités sécuritaires locales qui disposaient dans le contexte de l’époque d’un droit de vie ou de mort sur la population.

L'un de ses confrères a d’ailleurs rapporté quelques jours plus tard à la famille de la victime avoir reçu des informations selon lesquelles Me Menniche avait bien été emmené au CTRI de Blida
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Malgré toutes les mesures et démarches entreprises par sa famille pour le retrouver, aucune enquête n’a jamais été ouverte ni par la gendarmerie ni par le procureur de Blida et aucun des témoins n’a été entendu. Au contraire, quelques jours après avoir accepté de témoigner, le gardien du parking a été retrouvé mort dans un puits.

Dans sa plainte, Alkarama a demandé au Comité des droits de l'homme  de reconnaître les graves violations commises par les autorités algériennes à l’égard de Me Menniche et de sa famille et de les appeler à le libérer immédiatement s’il était encore vivant et, en tout état de cause, de faire la lumière sur son sort en ouvrant une enquête approfondie et diligente sur sa disparition et en sanctionnant les responsables.