
En ce jour marquant la Journée internationale des Nations Unies pour le soutien aux victimes de la torture (26 juin), les organisations de défense des droits humains soussignées réaffirment que le crime de torture continue d’être pratiqué de manière systématique dans plusieurs pays arabes, en violation flagrante de la dignité humaine et du droit international – en particulier la Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, que la majorité des gouvernements arabes ont pourtant ratifiée.
Nous lançons aujourd’hui une vaste campagne de sensibilisation aux droits humains pour mettre en lumière les souffrances des victimes, soutenir leur droit à la justice et à la réhabilitation, et exiger des gouvernements qu’ils rendent des comptes pour avoir encouragé un climat d’impunité face à ces crimes contre l’humanité.
Nous condamnons fermement le recours persistant à la torture, utilisé par les autorités de plusieurs États arabes comme un outil systématique de répression politique, visant à intimider les opposants, faire taire les voix dissidentes, et punir les défenseurs des droits humains ainsi que les personnes détenues arbitrairement — tandis que les auteurs de ces actes jouissent d’une quasi-totale impunité.
En Palestine occupée, les détenus palestiniens – y compris les enfants – subissent des tortures physiques et psychologiques brutales infligées par les forces d’occupation israéliennes dans les centres d’interrogation et les prisons, sans qu’aucune réelle responsabilité ne soit engagée, en violation du droit international humanitaire et de la Convention contre la torture.
En Égypte, la torture est pratiquée comme une politique d’État dans les centres de détention et les prisons, incluant coups, décharges électriques et suspension prolongée, entraînant dans de nombreux cas la mort en détention. Les autorités n’ont pris aucune mesure efficace pour garantir des enquêtes indépendantes ou poursuivre les responsables.
En Tunisie, malgré les avancées en matière de droits humains après la révolution, la torture a refait surface dans un contexte de recrudescence des arrestations politiques et de renvoi de civils devant des tribunaux militaires. La situation est aggravée par la propagation de maladies graves et chroniques dans les prisons tunisiennes et l’absence de garanties d’un procès équitable.
En Algérie, de nombreux témoignages confirment de graves violations à l’encontre de détenus issus du mouvement Hirak et de prisonniers politiques, incluant traitements dégradants et tortures psychologiques dans les centres de détention. Ces actes s’inscrivent dans un climat de plus en plus répressif envers la liberté d’expression et de réunion.
Ces pratiques brutales persistantes, combinées au silence et à l’inaction de la communauté internationale, représentent une tache sur le visage de la justice internationale et menacent les fondements mêmes du système de protection des droits humains. L’absence flagrante de mécanismes nationaux de reddition des comptes et la protection continue des auteurs de ces crimes renforcent davantage une culture d’impunité, consacrant la torture comme un outil permanent entre les mains des régimes autoritaires.
Alors que nous saluons la résilience des victimes de la torture à travers le monde arabe ainsi que celle de leurs défenseurs, nous :
1. Appelons l’ensemble des gouvernements arabes concernés à mettre un terme à toutes les formes de torture et à mettre pleinement en œuvre la Convention contre la torture et ses protocoles facultatifs, y compris en imposant des sanctions sévères aux auteurs reconnus coupables de ces crimes.
2. Exigeons des enquêtes indépendantes et transparentes sur toutes les allégations de torture ainsi que la poursuite rapide des responsables.
3. Soulignons la nécessité d’ouvrir les lieux de détention aux visites d’organisations internationales et d’organismes de surveillance indépendants.
4. Exhortons la communauté internationale, en particulier les mécanismes des Nations Unies, à exercer une pression réelle pour mettre fin à la torture dans les pays mentionnés, notamment en invoquant la compétence universelle lorsque cela est applicable.
5. Réclamons une réparation complète pour les victimes, incluant des compensations, des soins médicaux et psychologiques, ainsi que des garanties de non-répétition.
En conclusion, tout en honorant la persévérance des victimes de la torture et de ceux qui les soutiennent, nous affirmons que la lutte contre la torture ne peut être dissociée du combat plus large pour une bonne gouvernance, l’indépendance du pouvoir judiciaire, la liberté d’expression et la dignité humaine – piliers essentiels de toute transformation démocratique authentique et d’une région arabe plus juste.
Organisations signataires:
Association des Victimes de la Torture – Genève
Alkarama pour les Droits Humains – Genève
Justice for Human Rights Foundation – Istanbul
AFD International – Belgique
El-Shehab pour les Droits de l’Homme – Londres
Tawasol pour les Droits de l’Homme – La Haye
Human Rights Monitor – Londres
Cedar pour les Droits de l’Homme – Liban
Solidarity for Human Rights – Genève
Free Voice for Human Rights – France
Conseil Égyptien des Droits – Genève