Yémen : Un journaliste détenu met sa vie en danger en poursuivant sa grève de la faim

Abd al-Ilah Haidar Shaie, le journaliste yéménite incarcéré au centre de détention de Sécurité Politique, dans la capitale Sana depuis août 2010, voit son état de santé se dégrader rapidement, en raison de la grève de la faim illimitée qu'il a entreprise.

La famille du journaliste a informé le représentant d'Alkarama au Yémen que le dimanche 12 février, M. Shaie a entamé une grève de la faim pour une durée indéterminée, en signe de protestation contre son maintien en détention, suite à une décision arbitraire rendue l'an dernier par la Cour Pénale Spéciale de Sûreté de l'Etat, et ce malgré l'annulation de cette décision, après qu'une amnistie ait été prononcée par l'ancien président Ali Abdallah Saleh.


Le frère du journaliste détenu, M. Abdel Qudos Shaie, a déclaré avoir reçu l'autorisation de rendre visite à son frère à la prison de Sécurité Politique le 14 février, soit deux jours après que ce dernier a déclaré sa grève de la faim. Il a alors remarqué que son frère présentait déjà des signes évidents d'épuisement. Il pouvait seulement se déplacer avec grande difficulté et souffrait de douleurs rénales, en raison de ses mauvaises conditions de détention. Il a ajouté qu'il trouvait regrettable que les autorités pénitentiaires aient nié être au courant de la grève de la faim de son frère, afin de tenter d'échapper à la responsabilité du danger auquel la vie de celui-ci est exposée.


De nombreux médias locaux ont relayé la nouvelle de la grève de la faim du journaliste. Le Syndicat des Journalistes Yéménites a organisé une importante campagne de pression juridique et médiatique, y compris une action de protestation devant l'ambassade américaine à Sana. De nombreux militants et journalistes tiennent l'ingérence directe des Américains dans cette affaire pour responsable du maintien en détention, des sanctions et des procédures arbitraires à l'encontre de M. Shaie, suite à son rôle dans la dénonciation d'actes criminels d'exécutions extra-judiciaires et le massacre de civils innocents, lors d'attaques de drones américains au Yémen, sous prétexte d'une "guerre contre le terrorisme".


Plus de 140 militants et journalistes au Yémen et à l'étranger ont lancé la campagne "Libérez le journaliste Abd al-Ilah Haidar Shaie", affirmant que son maintien en détention constituait une violation manifeste à la fois des lois nationales et des traités internationaux relatifs aux droits de l'homme, en particulier ceux qui relèvent du droit à la liberté d'expression et d'opinion.


Les avocats de M. Shaie déclarent que les procédures judiciaires à son encontre ne sont pas en mesure de fournir les garanties nécessaires à un procès équitable, et que les autorités n'ont apporté aucune preuve qui puisse justifier la condamnation qu'il a reçue. Au lieu de cela, elles ont commis des violations évidentes de ses droits lors de son arrestation, sa détention et son procès.


Alkarama a lancé des appels urgents à la plupart des Procédures Spéciales de l'ONU, exigeant qu'elles intercèdent auprès du gouvernement yéménite en faveur de M. Shaie. L'organisation continue de travailler en collaboration avec HOOD et le Syndicat des Journalistes Yéménites, afin de libérer M. Shaie et de mettre un terme à sa souffrance, ainsi que celle de sa famille, du fait de cette détention injuste et illégale. Pour toute personne souhaitant obtenir de plus amples détails à propos du cas de M. Shaie, Alkarama, par l'intermédiaire de son bureau à Sana, a préparé une étude préliminaire au sujet de sa situation et des violations de la loi dont il a fait l'objet.