Le 11 octobre 2023, Alkarama a soumis sa contribution relative à la situation des droits de l’homme au Yémen dans la perspective de son prochain examen périodique universel (EPU) par le Conseil des droits de l’homme prévu entre le 29 avril et 10 mai 2024.
Mené tous les quatre ans et demie par les États membres, sous les auspices du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, l’EPU est un mécanisme qui permet de passer en revue les réalisations des pays en matière de droits de l’homme.
4ème examen du Yémen
Au cours de l’examen qui se déroulera sous la forme d’un échange de trois heures et demie avec la délégation officielle du pays, l’attention sera accordée à la mise en œuvre des recommandations formulées lors de précédents cycles.
Dans ce contexte, Alkarama a soumis sa contribution afin d’attirer l’attention du Conseil sur la gravité de la situation des droits de l'homme dans le pays, d’exprimer ses principales préoccupations et de formuler des recommandations.
Devoir de coopération et d’enquête du Yémen en matière des droits de l’homme
Dans son rapport, Alkarama a recommandé au Yémen de ratifier les différents textes internationaux et de coopérer de bonne foi avec les différents mécanismes des Nations Unies. Elle a également rappelé la nécessité urgente et cruciale de relancer les efforts pour la création d’un véritable mécanisme d’enquête international sur les violations des droits de l’homme.
Attaques contre les civils et blocage des aides humanitaires
Depuis le début de la guerre, des violations du droit international humanitaire ont été commises par toutes les parties au conflit, faisant un grand nombre de victimes civiles. Bien que la trêve conclue sous l'égide des Nations unies en avril 2022 entre les rebelles houthis et le gouvernement internationalement reconnu ait entraîné une réduction significative de la violence et du nombre de victime, celle-ci a expiré courant octobre sans que les parties ne parviennent à un accord pour la prolonger.
Des attaques sporadiques sont toujours menées au mépris constant des principes de distinction, de proportionnalité et de précaution par les forces Houthis ou encore par les drones américains qui ont déjà entraîné la mort de plusieurs centaines de civils.
L’une des plus grandes crises humanitaires au monde se poursuit à l’heure actuelle au Yémen. La situation désastreuse de la population civile a été dramatiquement exacerbée par les sièges et les blocus imposés par les différentes parties au conflit.
D'ici la fin de 2023, 21,6 millions de personnes auront besoin d'une aide humanitaire sous une forme ou une autre, 80 % du pays n'ayant pas accès à la nourriture et aux services de base.
Torture en détention
Au cours des années, Alkarama a soumis de nombreux cas de torture aux procédures spéciales des Nations Unies mettant en évidence une pratique courante dans les prisons des forces gouvernementales, des forces soutenues par les Emirats arabes unis (EAU) et celles des forces Houthis.
Ces cas démontrent que la torture est largement pratiquée et qu'elle prend diverses formes : coups, chocs électriques, suspension au plafond, noyade, menaces de violence à l'encontre des familles des détenus et isolement cellulaire prolongé.
Représailles contre les journalistes, défenseurs des droits de l’homme et dissidents politiques
Bien que le Yémen se soit engagé à protéger les journalistes et les défenseurs des droits de l'homme et à promouvoir les droits à la liberté d'expression, de réunion pacifique et d'association lors du précédent cycle de l'EPU, aucun progrès significatif n'a été réalisé.
Les journalistes, les défenseurs des droits de l'homme et les personnes ayant une affiliation politique réelle ou supposée continuent d’être ciblés par les parties au conflit et font régulièrement l'objet de détentions arbitraires, de disparitions forcées et d'exécutions extrajudiciaires de la part des forces Houthis et des milices soutenues par les EAU.
Le Syndicat des journalistes yéménites a documenté 92 cas de violations contre des médias, des journalistes, des photographes et leurs biens dans différentes régions du pays entre le 1er janvier et le 31 décembre 2022.
Alkarama qui attachera une attention particulière à l’examen du Yémen espère qu'un dialogue constructif avec les autorités yéménites permettra de répondre à ces préoccupations.