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سلاح التجويع

Dans la bande de Gaza dévastée, la souffrance ne se résume pas aux fracas continus des bombardements et aux raids aériens israéliens. Une autre guerre sévit, moins bruyante mais tout aussi implacable : une guerre de famine, méthodique et meurtrière. 

« Ce qui se déroule à Gaza dépasse largement le cadre d'une crise alimentaire ou d'une simple pénurie de fournitures. Nous sommes face à un chapitre funeste dans l’histoire des crimes internationaux, où l’occupation israélienne instrumentalise la faim comme une arme de domination, visant à soumettre une population entière et à la contraindre à l’exil, en totale violation du droit international humanitaire. », a déclaré Maître Rachid Mesli, directeur d’Alkarama. 

Depuis des années, plus de deux millions de personnes vivent sous un siège suffocant, au cours duquel la nourriture et les médicaments ont été transformés en denrées rares, et l'eau potable est devenue un rêve lointain. Le blocus s'est intensifié ces derniers mois. Alors que les chances de survie s'amenuisent, l'armée d'occupation israélienne continue d'imposer de sévères restrictions à l'entrée de l'aide humanitaire, au mépris de toutes les normes et lois internationales. 

Au début du mois de juillet, plusieurs hôpitaux de Gaza ont signalé la mort de nourrissons victimes de malnutrition aiguë, selon des sources médicales locales corroborées par des rapports des Nations Unies. Dans un tableau saisissant de l’ampleur du désastre, des parents ont été contraints de moudre des herbes sauvages pour tenter de nourrir leurs enfants, tandis que les files d’attente pour un morceau de pain se sont muées en zones de tir pour les soldats de l’occupation. 

Face à l’aggravation de la crise, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, par la voix de son commissaire Volker Türk, a émis un avertissement solennel : le maintien du blocus sur l’aide alimentaire risque de constituer « l’usage de la famine comme arme de guerre », un crime strictement réprimé par le droit international. 

Un génocide déclaré 

Les accusations portées contre Israël ne se limitent plus à l’usage excessif de la force, mais vont désormais jusqu’à une qualification bien plus grave : le génocide. 

En novembre 2024, un Comité spécial des Nations Unies a conclu que « Les méthodes utilisées par Israël dans son agression contre Gaza présentent les caractéristiques d’un génocide, y compris une politique de famine systématique ». 

Dans un mouvement juridique sans précédent, la Cour internationale de justice a ordonné à Israël de prendre des mesures immédiates pour prévenir la famine, estimant que la situation à Gaza dépasse le cadre d’un blocus traditionnel et relève des crimes internationaux les plus graves. 

Le 12 juillet 2025, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution exigeant l’arrêt immédiat de l’utilisation de la faim comme arme de guerre, affirmant que priver les civils des besoins essentiels constitue une violation flagrante des Conventions de Genève et des principes du droit international humanitaire. 

Cependant, cette résolution ne s’est pas traduite par des changements sur le terrain. Bien au contraire, des rapports d’organisations humanitaires indiquent qu’Israël a renforcé les restrictions sur le passage des camions d’aide vers le nord de la bande de Gaza, où des milliers de personnes survivent avec des miettes de pain et de l’eau contaminée. 

De son côté, Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens, a affirmé : « Ce qui se passe à Gaza n'est pas seulement une crise humanitaire, mais une campagne systématique d'extermination qui doit cesser immédiatement. » 

Malgré ces appels et les rapports des Nations Unies, Israël poursuit ses crimes quotidiens sans relâche, et le spectre de la faim continue de s’étendre, pesant sur les corps des enfants et des femmes, au milieu du silence de nombreuses capitales influentes. 

Une question lancinante persiste : jusqu’à quand devra-t-on compter les vies fauchées avant que la volonté internationale ne s’éveille ? Combien de massacres faudra-t-il pour que la justice soit enfin rendue ?