Maroc : Disparition forcée de M. Abdelaziz Janah à Casablanca

M. Abdelaziz Janah a été enlevé le 19 avril 2010 à son domicile par des agents des services de sécurité qui l'ont brutalement frappé avant de l'embarquer vers une destination inconnue. A ce jour, il a disparu.

Alkarama a adressé le 3 mai 2010 un appel urgent au Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, lui demandant d'intervenir auprès des autorités marocaines afin que celles-ci libèrent M. Janah ou le placent sous l'autorité de la loi.

M. Abdelaziz JANAH, âgé de 32 ans, est commerçant et réside à Casablanca. Dans la nuit de dimanche à lundi 19 avril 2010 à minuit trente, une vingtaine d’agents des services de sécurité ont investi le domicile familial en usant de la force et l'ont arrêté. Ils ne disposaient d’aucun mandat et n’ont pas décliné leur identité ; ils n’ont pas précisé non plus les motifs de l’arrestation. La victime a été violemment frappée devant les membres de sa famille avant d’être emmenée vers une destination inconnue.

Dès le lendemain, son père a tenté de connaître les raisons de son arrestation, le lieu où il se trouvait et le sort qui allait lui être réservé. Il s’est notamment rendu au poste de la gendarmerie royale de Bouskoura, dans les différents services de police, au parquet de Casablanca et s’est vu répondre qu’il n’y avait aucune information disponible à propos de son fils.

M. Janah avait déjà été arrêté précédemment en 2003 à la suite des attentats de Casablanca lors d’une vaste campagne d’arrestations opérée dans le pays. Il a été gardé à vue pendant une semaine avant d’être finalement relâché sans être poursuivi.

Le délai légal maximum de garde à vue de 12 jours est dépassé et les autorités refusent toujours d’informer la famille sur la situation de la victime et de reconnaître par la même sa détention.

Notre organisation craint que ce nouveau cas de disparition forcée n’entre dans le cadre d’une vaste campagne d’arrestations, suivies de disparitions opérées dans des conditions similaires ces dernières semaines en particulier à Casablanca et dans sa région.

Lors de sa visite au Maroc qui s’est déroulée entre le 22 et 25 juin 2009, le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires a eu l’occasion de souligner dans son rapport de mission (A/HRC/13/31/Add.1) en date du 9/02/2010 qu’il avait reçu des allégations selon lesquelles des arrestations, des enlèvements ou des détentions provisoires de longue durée principalement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, avaient eu lieu sans que les victimes n’aient eu accès à un avocat ni que leurs familles ne soient informées.

Alkarama exprime de vives inquiétudes sur la recrudescence des cas d'enlèvements et de disparitions forcées qui tendent à se multiplier ces derniers mois et appelle le Maroc à respecter ses engagements internationaux qui résultent de sa ratification du Pacte international relatif aux droits civils et politiques le 03 mai 1979 et de la Convention contre la torture le 21 juin 1993.