Maroc : « Déterminé jusqu'à ma libération »... Mohamed Hajib entame une grève de la faim à la prison de Tiflet

Il y a un an les experts onusiens du Groupe de travail sur la détention arbitraire de l'ONU appelaient le gouvernement marocain à libérer Mohamed Hajib, détenu arbitrairement depuis le 17 février 2010, torturé et condamné à 10 ans de prison suite à un procès inéquitable. Toujours détenu à la prison de Tiflet, il annonçait le 26 août dernier qu'il entamait une grève illimitée de la faim. Alkarama exhorte les autorités marocaines à mettre enfin en œuvre l'avis du Groupe de travail et à ordonner sa libération immédiate.

Le 26 août dernier, Mohamed Hajib annonçait dans un communiqué intitulé « Déterminé jusqu'à ma libération » qu'il entamait une grève de la faim illimitée pour protester contre sa détention. «Cela fait un an que le Conseil des droits de l'homme des Nations unies a demandé au gouvernement marocain de me libérer et m'indemniser pour la détention arbitraire que j'ai subie. Un an de plus que j'ai passé en prison et les autorités n'ont toujours pas exécuté la décision des Nations unies», déplore-t-il.

Mohamed Hajib avait été arrêté le 17 février 2010 à l'aéroport de Casablanca à son arrivée de Francfort. Il rentrait tout juste du Pakistan où il avait été détenu arbitrairement pendant 6 mois. Le 24 juin 2010 il avait été condamné à 10 années de prison suite à un procès inéquitable pour « constitution d'une bande criminelle » et « financement du terrorisme ». Sa peine a été réduite à 5 ans en appel, le 9 janvier 2012.

Victime de graves tortures durant les 12 jours de sa garde à vue au commissariat d'El Maarif à Casablanca, Mohamed Hajib a été contraint de signer des aveux par ses tortionnaires, aveux qui ont été par la suite utilisés lors de son procès. Les juges en charge de l'affaire ont été informés de ces allégations mais n'ont cependant jamais ouvert d'enquête à ce sujet en violation de la législation marocaine.

Le Groupe de travail sur la détention arbitraire, saisi le 26 juillet 2011 par Alkarama, avait qualifié il y a un an la privation de liberté de Mohamed Hajib d'arbitraire pour avoir été « condamné sur la base d'aveux obtenus sous la torture » et appellait le gouvernement marocain « à procéder à sa libération immédiate et à lui assurer une réparation adéquate ».

Le Groupe de travail onusien avait en outre relevé : « Le Gouvernement du Maroc dans sa réponse se limite à contester l'existence d'aveux obtenus sous la torture, sans démontrer qu'une enquête indépendante et transparente a eu lieu sur ces allégations. Par ailleurs aucun élément matériel de preuve n'a été présenté au cours du procès et les aveux ont été obtenus sans la présence d'un avocat. »

Lors du dernier examen du Maroc par le Comité contre la torture en 2011, les experts onusiens invitaient les autorités à « examiner les condamnations pénales prononcées exclusivement sur la foi d'aveux afin d'identifier dans quels cas la condamnation s'est fondée sur des aveux obtenus sous la torture ou par des mauvais traitements. »

« Des centaines de personnes, comme Mohamed Hajib, ont été condamnées uniquement sur la base d'aveux obtenus sous la torture et sont actuellement détenues arbitrairement selon les normes du droit international. », affirme Rachid Mesli, directeur juridique à Alkarama. Il ajoute : « Plusieurs organes onusiens ont exhorté les autorités marocaines à mettre un terme à ces violations, en réexaminant ces cas, en libérant les personnes détenues arbitrairement et en les indemnisant. Les autorités marocaines feront un très grand pas en avant, lorsqu'elles auront mis en œuvre les recommandations des Comités ou des Procédures Spéciales de l'ONU».