Koweït : Un militant pour les droits des Bidounes arrêté dans le cadre d'un rassemblement pacifique

Le 1er mai dernier, Abdulhakim Al-Fadhli, un célèbre militant pour les droits des Bidounes (apatrides) au Koweït, a été arrêté pour la troisième fois cette année. Il est accusé d'avoir encouragé et participé à des rassemblements organisés pour réclamer l'égalité des droits des Bidounes au Koweït. Alkarama condamne fermement les persécutions dont il fait l'objet qui constituent une violation de ses droits à la liberté d'expression et à la réunion pacifique.

Les Bidounes au Koweït
Entre 120 000 et 180 000 résidents au Koweït seraient aujourd'hui apatrides en dépit du fait qu'ils sont d'origine koweitienne. Ces apatrides appelés « Bidounes », considérés comme « résidents illégaux » souffrent de discriminations aussi bien dans la sphère publique que privée. Par exemple, ils ne peuvent pas se marier légalement et ne peuvent pas participer à la vie politique de leur pays ; ils ne peuvent ni voter, ni se présenter comme candidats aux élections législatives.

Dans le contexte des troubles politiques qui secouent le Monde arabe, les Bidounes ont eux aussi commencé à descendre dans la rue pour appeler à la reconnaissance de l'égalité de leurs droits. Depuis 2011, la communauté Bidoune s'est régulièrement mobilisée pour organiser des manifestations pacifiques et réclamer ses droits mais bon nombre des rassemblements ont été dispersés par les forces de sécurité koweitiennes.

Le 11 janvier dernier, le ministère de l'Intérieur a mis un terme de manière abrupte à cette liberté de rassemblement toute relative lorsqu'il a annoncé qu'il était interdit pour ces « résidents illégaux » d' « organiser des rassemblements, des sit-in ou des manifestations quelqu'en soit la nature, l'objectif ou la mission. » Cette annonce a été suivie par l'arrestation de plus de soixante personnes pendant les manifestations organisées le 13 janvier 2012.

M. Al-Fadhli, persécuté pour son combat pour l'égalité des droits des Bidounes
Le 29 janvier dernier, le militant de 36 ans a été informé qu'un mandat d'arrêt avait été émis contre lui et au moins 12 autres militants. Le groupe a été accusé d' « incitation à manifester », de « résister à des agents de sécurité » et de « former une cellule secrète » ainsi que d'autres infractions indiquant clairement qu'ils avaient été arrêtés pour les activités politiques. Ils ont été acquittés le 6 mars 2012 après avoir entamé une grève de la faim pour protester contre leur détention arbitraire et ont été libérés le jour suivant. M. Al Fadhli a été arrêté une deuxième fois cette année alors qu'il participait à une manifestation le 29 mars. Il a été libéré le 1er avril 2012.

M. Al Fadhli a été arrêté par la police une troisième fois le 1er mai dernier à la Mosquée Al-Shabi alors qu'il allait participer à un rassemblement pacifique organisé à Taima, dans la banlieue ouest de la capitale. Depuis son arrestation, son mandat de détention de M. Al Fadhli a été renouvelé par le ministère public toutes les 24 heures. Au 3e jour de sa détention, M. Al Fadhli a été présenté devant le Parquet qui l'a accusé d'« incitation à manifester », de « participation à une réunion illégale » et « non autorisée ». Ni son avocat, ni ses proches n'ont pu communiquer avec lui depuis son arrestation le 1er mai dernier et ignorent même le lieu de sa détention. Aussi, M. Al-Fadhli n'a pu bénéficier d'aucune assistance juridique.

La détention de M. Al-Fadhli et la poursuite judiciaire engagée contre lui ne sont pas conformes aux standards et normes établis par le droit international et constituent une claire violation des obligations des autorités koweitiennes en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Nous craignons que M. Al Fadhli, interdit de tout contact avec sa famille et son avocat, ne soit soumis à des mauvais traitements en détention. Nous appelons donc les autorités koweitiennes à ordonner sa libération immédiate.

Alkarama a soumis son cas au Rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion et d'association ainsi qu'à d'autres procédures spéciales des Nations unies et a demandé leur intervention urgente auprès des autorités koweitiennes. Nous suivrons de près l'évolution de la situation de M. Al-Fadhli.

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