Journée internationale des droits de l’homme, un monde arabe plus répressif

خريطة الوطن العربي

Sous le poids de la répression dans le monde arabe, les activistes et défenseurs de droits de l'homme ainsi que les familles des victimes craignent de plus en plus de dénoncer les violations des droits humains, par peur de représailles ou par manque de confiance dans les mécanismes internationaux des droits humains.

À mesure que le temps passe, un recul majeur du mouvement des droits humains se profile et avec un amenuisement des convictions des peuples en la pertinence des luttes pacifiques pour la défense de ces droits et dans la recherche des voies de recours assurant réparation et justice.

Les soulèvements de ce que l'on a appelé le printemps arabe au début de la décennie actuelle ont exprimé les aspirations des peuples arabes à des États démocratiques et civils qui garantissent les droits, libertés et égalité devant la loi. Hélas, les contre-révolutions n’ont tardé à transformer ces rêves en cauchemars de chaos, guerres civiles et divers conflits. Il ne fait aucun doute que la tyrannie et ses outils sont le principal moteur de cette machine de destruction.

Durant ces dernières années, Alkarama avait perdu contact avec de nombreuses familles des victimes ; des cas sur lesquels Alkarama avait travaillé auparavant. Les proches des victimes craignent aujourd’hui les représailles des autorités et n’acceptent plus, ou difficilement, de témoigner ou de donner leur consentement pour des plaintes auprès des procédures spéciales des Nations unies. Ceci peut conduire, à moyen ou long terme, au dysfonctionnement de ces mécanismes juridiques très importants, renforçant ainsi le climat d'impunité qui règne pour les crimes de violations des droits de l'homme.

Les régimes autoritaires portent, bien sûr, la responsabilité de l’affaiblissement des d'instruments de plaidoyer et de lutte pacifique face à la machine d’oppression. C’est le cas en particulier certains régimes politiques des pays du Golfe angoissés à l’idée de voir réussir les transitions démocratiques, et les libertés politiques et les droits de l'homme. Nous avons été témoin de l'ampleur de la confusion de ces régimes et leur ligne de politique étrangère troublée vis-à-vis de nombreux enjeux géopolitiques dans la région.

Les guerres menées par les tyrans contre les aspirations au changement démocratique prolongent les souffrances des peuples arabes. Le régime syrien, par exemple, qui a effrayé le monde avec ses crimes en larguant des barils d'explosifs sur les habitants de nombreuses villes et villages, est sur le point de réintégrer la communauté internationale sans avoir à répondre de ses crimes.

Cependant, malgré ce qui semble être une impasse, il y a eu de grands succès dans le domaine du mouvement des droits de l'homme dans le monde arabe, qu’il s’agisse de la sensibilisation croissante aux enjeux juridiques ou de la mobilisation autour des questions des droits humains de larges parties de la population. Ajoutons à cela le nombre toujours croissant d’activistes et d’organisations qui s’engagent dans la défense des droits et des libertés, suscitant l’intérêt des médias arabes indépendants, notamment les nouveaux médias devenus très réceptifs aux questions des droits humains. Tous ces efforts contribuent grandement à la stigmatiser les régimes impliqués dans des violations des droits de l'homme, malgré l'investissement acharné de ces derniers dans l’embellissement de leur image devant la scène internationale.

Alkarama a déployé des efforts considérables pendant des années pour défendre les victimes de violations et, grâce à des informations documentées, elle a pu obtenir des résolutions et des recommandations émises par divers mécanismes des Nations Unies condamnant les violations et exhortant à progresser dans l'amélioration de la situation des droits humains.

À cette occasion, nous appelons chacun à œuvrer pour mettre fin aux pratiques de représailles contre les victimes, leurs familles et les militants des droits humains en réponse à leur lutte pacifique pour la justice. Nous mettons également en garde contre le danger des de ces politiques qui constituent des freins au droit international des droits de l'homme et à ses outils. Nous gardons espoir en ce que les luttes des peuples en général ainsi que des militants des droits de l'homme puissent aboutir à des réussites prodigieuses en mettant fin à l'impunité et en rendant bientôt justice aux victimes.