Irak : Un rapport de l'ONU dénonce la persistance de la torture et l'absence de justice.

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Un rapport publié par la Mission des Nations Unies en Irak (MANUI) et le Haut Commissariat aux droits de l'homme (OHCHR) a mis en évidence la nécessité de prévenir la torture dans les lieux de détention en Irak, y compris dans la région du Kurdistan, soulignant un certain nombre de questions qu'Alkarama avait soulevées ces dernières années à cet égard dans le cadre de ses préoccupations concernant la situation des droits de l'homme dans le pays.
Malgré les mesures prises par l'Irak en termes de législation nationale pour criminaliser la torture, le rapport de l'ONU, qui a été publié sous le titre "Les droits de l'homme dans l'administration de la justice en Irak : Conditions juridiques et garanties procédurales pour prévenir la torture et les mauvais traitements", montre que cette pratique se poursuit dans les prisons du pays tout entier.

Activités d'Alkarama
Lors du dernier examen périodique de l'Irak devant le Conseil des droits de l'homme en mars 2019, Alkarama a présenté un rapport parallèle dans lequel elle a abordé la détérioration significative des droits de l'homme dans le pays. Le rapport d'Alkarama se concentre notamment sur la pratique systématique des disparitions forcées, des détentions arbitraires, de la torture et des exécutions sommaires dans le pays, qui est déchiré par des divisions internes et des troubles régionaux. Le rapport souligne également l'utilisation abusive de la loi antiterroriste irakienne de 2005 et les représailles contre les militants des droits de l'homme, les journalistes et les groupes d'opposition.
Auparavant, le Comité des Nations unies contre la torture (CAT) a publié ses observations finales sur son examen initial de l'Irak le 13 juillet 2015. Alkarama avait précédemment soumis un rapport alternatif au Comité contre la torture de l'ONU, dans lequel elle exposait ses principales préoccupations concernant la torture en Irak, en particulier l'absence de définition de la torture, le climat d'impunité qui prévaut, ainsi que l'utilisation systématique du système judiciaire concernant les aveux extorqués sous la torture. Il convient de noter ici que le Comité a partagé les préoccupations d'Alkarama et a abordé la plupart des questions soulevées par l'organisation à l'époque.
Outre la pratique généralisée de la torture, les autorités irakiennes sont régulièrement appelées à comparaître devant le Comité des disparitions forcées (CED) de l'ONU pour avoir manqué à leurs obligations en vertu de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, que l'Irak a ratifiée le 23 novembre 2010.

Détails du rapport de l'ONU
Le rapport de l'ONU, qui vient d'être récemment publié, se fonde sur des entretiens avec 235 détenus, ainsi qu'avec des membres du personnel pénitentiaire, des juges, des avocats et des familles de détenus, et couvre la période allant du 1er juillet 2019 au 30 avril de cette année, conformément aux schémas et tendances documentés dans les rapports précédents.
Si la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a reconnu les changements juridiques contre la torture, elle a déclaré dans un communiqué conjoint publié par son bureau et la mission de la MANUI que "les autorités doivent appliquer effectivement les dispositions inscrites dans la loi dans chaque centre de détention", notant que "si elles ne sont pas appliquées, cela  ne restera que de l'encre sur papier."
Un prisonnier raconte les souffrances qu'il a subies en disant : "J'ai vécu les pires jours de ma vie. Dès que je suis arrivé à la prison, ils m'ont battu avec des tuyaux métalliques. Les jours suivants, ils ont utilisé deux fils électriques nus et m'ont électrocuté." Un autre détenu a déclaré : "Ils m'ont menotté les mains derrière le dos et m'ont suspendu à mes menottes avec une chaîne accrochée au plafond. Ils ne m'ont pas posé de questions mais ont continué à crier, exigeant que j'avoue."
Le rapport des Nations unies s'inquiète du fait que les autorités ignorent les effets de la torture et que les procédures de plainte semblent injustes ou inefficaces. Il y a un manque évident de responsabilité pour ces manquements et de nombreux détenus choisissent de ne pas signaler ces traitements par méfiance ou par peur des représailles.
A travers les cas relevés par Alkarama, il apparaît que les autorités irakiennes se permettent de pratiquer la torture sous prétexte de lutter contre le terrorisme. Or, le Haut Commissaire, Michelle Bachelet, estime que "la prévention et la poursuite efficaces de la torture et d'autres formes de mauvais traitements répondraient aux récits des groupes terroristes et limiteraient leur capacité à exploiter ces pratiques pour justifier les actes de violence qu'ils commettent".