Irak : Risque d'exécution imminente d'un condamné à mort égyptien
Nous apprenons aujourd'hui que Suleiman Abderraouf, ressortissant égyptien de 45 ans actuellement détenu à la prison d'Al-Khadimiya à Bagdad et dont la condamnation à mort a été récemment ratifiée par la présidence irakienne, risque d'être exécuté de manière imminente. Suleiman Abderraouf avait été arrêté en 2006 et condamné à mort à l'issue d'un procès inéquitable en 2008 sur la seule base d'aveux extorqués sous la torture.
Rappelons que le 20 octobre dernier, le Conseil présidentiel a ratifié la condamnation à la peine capitale de cinquante-trois condamnés à mort, parmi lesquels Suleiman Abderraouf, Mohamed Fraj Allah, Adel Mohamed Ali, Nasser Mojib, Yousri Al-Tariqi et Badr Mohamed Ali, six ressortissants de pays arabes. Huit des cinquante-trois personnes, dont le ressortissant marocain Badr Mohamed Ali, ont été exécutées le 27 octobre dernier. Suleiman Abderraouf, ainsi que les autres prisonniers risquent de connaître le même sort de manière imminente.
Après l'invasion de l'Irak de 2003, les autorités américaines et irakiennes ont procédé à de nombreuses arrestations de ressortissants de pays arabes suspectés de s'être rendus dans le pays pour combattre les forces d'occupation. La plupart d'entre eux, détenus dans les prisons irakiennes ont été victimes de tortures avant d'être déférés devant des juridictions d'exception qui les ont condamnés à de lourdes peines ou à la peine capitale à l'issue de procès inéquitables. Très souvent, les aveux extorqués sous la torture ont constitué les seuls éléments à charge sur lesquels se sont appuyées les juridictions pour prononcer les sentences. A l'instar de Suleiman Abderraouf, bon nombre de ces ressortissants de pays arabes résidaient en Irak bien avant l'invasion du pays en 2003 et la chute du régime de Saddam Hussein. L'Iran et certains pays du Monde arabe sont intervenus en faveur de leurs ressortissants détenus, suite à quoi beaucoup d'entre eux ont pu être libérés. Pour d'autres, les autorités irakiennes se sont engagées à ne pas exécuter les peines capitales prononcées contre leurs nationaux.
Craignant que Suleiman Abderraouf ne soit incessamment exécuté, Alkarama a envoyé aujourd'hui son cas en urgence au Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires afin qu'il intervienne auprès des autorités irakiennes pour qu'elles suspendent l'exécution de sa condamnation et la commutation de sa peine.