Irak : Quand Shawki Omar sera-t-il enfin libre ?
Shawki Omar, citoyen jordano-américain, a passé les 10 dernières années de sa vie derrière les barreaux en Irak. Dix années où il a été victime, à plusieurs reprises, des tortures alors qu'il était détenu par des soldats américains, puis par les autorités irakiennes. Omar Shawki a quitté les États-Unis pour l'Irak après l'invasion américaine, espérant trouver un travail bien rémunéré dans le contexte des efforts de reconstruction des infrastructures du pays. Au lieu de cela, il s'est fait arrêté en octobre 2004 par des soldats américains et a été jugé, 6 ans plus tard, à 15 ans de prison après un procès inéquitable devant la Cour criminelle centrale irakienne. Sa peine a été ultérieurement réduite à 7 ans. Shawki aurait dû être libéré il y a cinq ans étant donné qu'il avait alors purgé sa peine. Aujourd'hui, Alkarama a sollicité l'intervention urgente du Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations Unies auprès des autorités irakiennes pour demander sa libération immédiate de la prison Al Karkh au vu de la détérioration de son état de santé et du fait que sa détention est dépourvue de tout fondement juridique.
Shawki et sa femme ont été arrêtés chez eux en 2004 par des soldats américains avant d'être détenus au secret pendant deux semaines. Pendant cette période, Shawki a été victime de graves actes de torture, notamment des électrocutions et des simulations de noyade. Plus tard, on l'a transféré à Camp Cropper, aujourd'hui connu sous le nom de la prison Al-Karkh, puis à la prison d'Abou Ghraïb, rouverte sous le nom de prison centrale de Bagdad. Il a aussi été détenu plusieurs mois à la base militaire de Camp Bucca, près de Umm Qasr, au sud de l'Irak. Il a été remis aux autorités irakiennes en juillet 2011 qui l'ont placé en détention à la prison Al-Karkh.
Alors qu'il était détenu dans des centres de détention sous contrôle des autorités américaines, il a été condamné à 15 ans d'emprisonnement pour être entré illégalement sur le territoire irakien, après un procès manifestement inique devant la Cour criminelle centrale d'Irak, le 24 juin 2010, fondé sur des aveux obtenus sous torture. Il a eu la possibilité de faire appel et début 2011, la cour de cassation a réduit sa peine à 7 ans de prison sans compter les années déjà purgées.
Fin novembre et début décembre 2012, M. Omar a été emmené pour de nouvelles séances d'interrogatoire au sujet, à nouveau, de son implication présumée dans des réseaux terroristes. Il a été passé à tabac et les services de sécurité l'ont menacé de le transférer dans un centre de détention secret où il serait encore plus sévèrement traité. En janvier 2013, environ 25 détenus de la prison Al-Karkh ont été transférés et jusqu'à présent, personne ne sait ce qu'il leur est arrivé, ni l'endroit où ils se trouvent.
Après une visite du CICR à la prison Al-Karkh, le 6 mai 2013, tous les prisonniers détenus avec Shawki Omar auraient été déplacés dans d'autres centres de détention ou d'autres ailes de la prison, sans doute en représailles de leurs entretiens avec le CICR. La victime a été transférée vers une section de la prison réservée aux criminels de droit commun, où la situation serait considérablement plus dangereuse pour les étrangers et dans laquelle on a signalé des meurtres de détenus par les gardes. Malgré plusieurs requêtes pour remédier à sa situation, M. Omar reste emprisonné dans de terribles conditions de détention, avec de rares contacts avec sa famille et son avocat.
Aujourd'hui, Alkarama a exhorté le Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations Unies à se prononcer sur le caractère arbitraire de la détention de Shawki Omar et à demander aux autorités irakiennes de mettre un terme à sa détention arbitraire en le libérant immédiatement. Malgré son état de santé qui se détériore jour après jour, il risque toujours d'être torturé et sa détention est, depuis deux ans et six mois, dépourvue de tout fondement juridique.