Émirats Arabes Unis: deux citoyens qataris arbitrairement détenus risquent d’être torturés

Le 30 septembre 2014, Alkarama a adressé un appel urgent au Groupe de Travail sur les Disparitions Forcées ou Involontaires (GTDFI) concernant le cas de deux citoyens qataris détenus au secret depuis leur arrestation le 27 juin 2014 par la police des Émirats Arabes Unis.

Youssouf Abd Al Ghani Ali Al Mala et Hamed Ali Mohamed Ali Al Hamadi ont été arrêtés à la frontière alors qu'ils se rendaient aux Émirats Arabes Unis à des fins touristiques. Selon des témoins, les deux hommes ont été arrêtés par la police des Émirats après avoir révélé leur citoyenneté au point d'accès de Ghuwaifat, dans la région ouest d'Abu Dhabi, à la frontière de l'Arabie Saoudite. Les témoins ont également rapporté que la police n'a pas présenté de mandat d'arrêt et qu'aucune raison n'avait été donnée pour justifier leur arrestation.

Depuis, leurs familles respectives n'ont pas été autorisées à les contacter et le lieu de leur détention inconnu à ce jour. Devant le silence des autorités des Émirats Arabes Unis, les familles ont demandé aux autorités qataries, y compris au Comité National des droits de l'homme, au Ministère des Affaires étrangères, ainsi qu'au Consulat à Abu Dhabi, d'intervenir auprès des autorités émiraties. À ce jour, ces dernières ont refusé de fournir la moindre information sur les raisons officielles de l'arrestation des deux hommes ou le lieu de leur détention.

Vu la nature secrète de leur détention et de l'absence de toute procédure judiciaire, les familles ont été incapables de demander l'aide d'un avocat aux Émirats Arabes Unis dans le but de demander des informations sur le sort de leurs proches, et sont donc malheureusement incapables de leur fournir une aide juridique.

« Ce genre de pratique, appelée 'détention au secret' ou 'incommunicado', est une violation flagrante de nombreux droits de l'homme », explique Radidja Nemar, conseillère juridique régionale pour le Golfe à Alkarama. « En effet, la détention au secret n'est pas seulement une forme de disparition forcée, elle est également assimilable à de la torture, ainsi qu'à un traitement inhumain et dégradant. Les Émirats Arabes Unis violent manifestement leurs obligations internationales en tant que partie à la Convention contre la torture. »

Après avoir documenté et dénoncé plusieurs cas d'arrestations arbitraires, d'incommunicado et de torture aux Émirats Arabes Unis, Alkarama a exprimé sa profonde préoccupation quant au respect de l'intégrité physique et psychologique des deux Qataris qui risquent d'être contraints à signer de faux aveux sous la torture, aveux susceptibles d'être utilisés dans de futures procédures par les autorités émiraties pour justifier leur détention. Cette pratique est de plus en plus courante, en particulier contre les citoyens des pays avec lesquels les Émirats n'entretiennent pas de bonnes relations.

Au vu des informations qui lui ont été fournies, Alkarama a écrit au GTDFI pour qu'il intervienne auprès des autorités émiraties et demande la libération immédiate ou, en tout état de cause, la fin de la détention au secret de Youssouf Abd Al Ghani Ali Al Mala et de Hamed Ali Mohamed Ali Al Hamadi. En outre, étant donné que les Émirats Arabes Unis sont partie à la Convention contre la torture, Alkarama a demandé au Rapporteur spécial sur la torture de s'assurer que tout aveu forcé soit jugé irrecevable devant un tribunal. Enfin, Alkarama a demandé que leur soient garanties leurs intégrités physiques et mentales ainsi que leur droit à la protection consulaire.

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