Égypte : Un lycéen de 16 ans détenu au secret depuis plus de 7 mois

Le 8 janvier 2015, Alkarama a saisi en urgence le Groupe de Travail des Nations Unies sur la détention arbitraire (GTDA) et celui sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDFI) du cas d'Ahmed Mahmoud Mahmoud Taha Mahmoud, un lycéen de 16 ans détenu incommunicado depuis son arrestation par des agents des forces de sécurité centrale le 18 mai 2014.

Alors qu'il quittait son travail dans un fast-food de Shubra El Kheima, situé dans le gouvernorat de Al Qalyubia, Ahmed Mahmoud a été arrêté, ainsi que d'autres jeunes, par des agents des forces de sécurité et emmené de force dans le centre des forces de sécurité centrale de Banha, selon le procureur en charge de l'enquête. Alerté par des témoins de l'arrestation, son père a cherché à en savoir plus sur son sort mais s'est vu refuser le droit de le voir.

Depuis son arrestation, seul le procureur rend visite à Ahmed pour des interrogatoires. La famille n'est informée de son état qu'au travers des rapports sporadiques faits par le procureur à son avocat, notamment sur les accusations retenues contre lui d' « appartenance à un groupe terroriste [les Frères Musulmans] » et d'avoir « déchiré un poster d'Al Sisi », des accusations qui pourraient le voir condamner à de lourdes peines de prison, même en tant que mineur.

Par ailleurs, Ahmed Mahmoud n'a jamais été présenté à un juge, n'a jamais vu son avocat et n'a jamais quitté le centre des forces de sécurité. Sa détention incommunicado depuis plus de huit mois est particulièrement inquiétante, les forces centrales de sécurité – qui relèvent de la sécurité nationale – étant réputées pour la pratique de mauvais traitements et tortures au sein de leurs locaux.

L'absence d'informations sur l'état de santé d'Ahmed ainsi que son jeune âge ne font que renforcer la préoccupation de ses proches, dont les initiatives auprès des autorités – particulièrement auprès de l'avocat général du gouvernorat d'Al Qalyubia – pour pouvoir rendre visite à leur fils sont toutes restées sans réponse. Il est aujourd'hui impossible de savoir si Ahmed sera un jour placé dans un centre de détention officiel et, à terme, éventuellement jugé ou relaxé.

Alkarama a donc demandé au GTDA d'intervenir en urgence auprès des autorités égyptiennes afin que sa famille et son avocat soient immédiatement autorisés à le voir et que sa santé physique et mentale soit garantie. D'autre part, en l'absence d'aucunes preuves matérielles contre lui, Ahmed Mahmoud doit être libéré et une enquête indépendante lancée s'il rapporte des faits de maltraitance commis durant sa détention. Les autorités égyptiennes doivent prendre des mesures pour mettre fin à la détention arbitraire, la torture et les disparitions forcées de ses citoyens, et en particulier des mineurs, particulièrement vulnérables du fait de leur jeune âge.

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