Égypte : Détention arbitraire et mauvais traitements envers des opposants politiques

Le 11 décembre 2014, Alkarama a transmis au Groupe de Travail des Nations Unies sur la détention arbitraire (GTDA), les cas de cinq citoyens égyptiens actuellement détenus en raison de leurs opinions politiques. MM. Hudhayfah Magdy Abdel Moneim Abdel Fattah ; Hossam Mohammed Zaki Mohammed ; Ahmed Mahmoud Ahmed Hassan ; Mahmoud Mohamed Mohamed Al Saghir ; et Mohamed Ahmed Mohamed Ibrahim. Plusieurs mois après leurs arrestations, aucun d'entre eux n'a encore été jugé, et tous restent emprisonnés dans des conditions particulièrement difficiles dans les prisons de Tora et de Burj Al Arab.

En raison du caractère arbitraire de leurs détentions, Alkarama a donc saisi le GTDA des Nations Unies afin qu'il appelle les autorités égyptiennes à les libérer et à enquêter sur les témoignages de mauvais traitements qu'ils ont rapportés.

Les cinq hommes ont été victimes de violences lors de leurs arrestations respectives sans mandat d'arrêt par les forces de sécurité entre septembre 2013 et mai 2014. Leurs noms s'ajoutent à la longue liste des victimes de la répression politique menée par les autorités et qu'Alkarama, les Nations Unies et ses États membres n'ont eu de cesse de dénoncer depuis plus d'un an maintenant.
Comme de nombreuses victimes d'arrestations arbitraires en Égypte, ils ont été emmenés dans les locaux des services de sécurité où ils ont été détenus au secret pendant plusieurs jours et soumis à des mauvais traitements, et pour certains à de graves tortures. Ainsi, ils ont été battus à l'aide de barres de fer, électrocutés, privés de sommeil et détenus dans des conditions épouvantables, dans l'unique but de les terroriser et de les punir pour leurs affiliations politiques.

Ils ont tous été inculpés d'appartenance aux Frères Musulmans – bien que n'étant pas tous affiliés à ce mouvement politique – et pour des événements allégués liés à la dispersion violente de manifestations pacifiques, quand bien même aucun élément matériel venant prouver leurs implications n'ait été présenté par le procureur au cours de leurs multiples auditions. Ils ont contesté la légalité de leur détention, mais les initiatives de leurs avocats n'ont jamais été considérées par les juges. Au contraire, ils ont vu leurs détentions constamment renouvelées, sans motif, et parfois in absentia. De plus, ils ne savent pas quand se tiendront leurs procès respectifs, et ne sont jamais assurés de recevoir de visites familiales, cela étant laissé au bon vouloir de l'administration pénitentiaire.

Alkarama s'inquiète du sort des prisonniers politiques en Égypte, du fait du manque flagrant de garanties juridiques qui leurs sont accordées et des mauvais traitements auxquels ils sont régulièrement soumis. Cela témoigne du glissement du pays vers un régime répressif dans lequel les violations récurrentes des droits de l'homme ont tendance à se banaliser et l'impunité à s'institutionnaliser.

Ainsi, Alkarama appelle à nouveau la communauté internationale et les organisations de la société civile à condamner le comportement des autorités égyptiennes et à prendre les mesures et actions appropriées pour mettre fin à l'impunité dont elles bénéficient. Il est également important que les Nations Unies obtiennent des garanties sur la protection des droits de l'homme de la part des autorités égyptiennes, dans la perspective prochaine de l'ouverture d'un bureau régional du Haut-commissariat au Caire.

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