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Yahia Bounouar, journaliste indépendant et président de l'Observatoire algérien des droits de l'homme (OADH), surveillé et harcelé depuis des mois par les services de sécurité algériens, fait désormais l'objet de persécutions ouvertes. Le 23 mai dernier, il a été arrêté à l'aéroport de Constantine où la police des frontières l'a informé qu'il « faisait l'objet d'un signalement au niveau de tous les postes de police ». Préoccupée par ces récents développements, Alkarama a de nouveau saisi aujourd'hui la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme de l'ONU afin qu'elle appelle les autorités algériennes à mettre un terme à ces mesures de représailles qui visent clairement à l'empêcher d'effectuer son travail de documentation des violations des droits de l'homme.
Depuis la création de l'OADH, réseau de défenseurs des droits de l'homme algériens constitué en juillet 2012, Yahia Bounouar a documenté de nombreux cas d'arrestations et de détentions arbitraires, particulièrement de défenseurs des droits de l'homme, de jeunes militants actifs sur les réseaux sociaux et de syndicalistes indépendants.
Plusieurs de ces cas ont été soumis à diverses procédures spéciales des Nations Unies. Récemment encore, le Groupe de travail sur la détention arbitraire a rendu un Avis sur la privation arbitraire de liberté d'un jeune cyber activiste, M. Saber Saidi, cas soumis conjointement par notre Fondation et l'OADH.
Depuis le début de ses activités sur le terrain et en particulier depuis ses déplacements à travers le pays pour organiser les activités de l'OADH, M. Yahia BOUNOUAR fait l'objet d'une surveillance policière constante.
Or depuis quelques jours, la surveillance policière dont il fait l'objet s'est transformée en persécutions ouvertes.
Dès son arrivée à l'aéroport de Constantine jeudi 23 mai 2013 à 18h, il a été interpellé et conduit dans les locaux des services de sécurité où un agent lui a affirmé qu'il « faisait l'objet d'un signalement au niveau de tous les postes de police » ; son passeport lui a été momentanément retiré et il a été retenu plusieurs heures par les services de sécurité. Il ne lui a pas été précisé les raisons de son interpellation.
Dès que son passeport lui a été restitué et après avoir quitté l'aéroport il a constaté qu'il était ouvertement suivi par plusieurs véhicules et motos des services de sécurité, dans les rues de la ville.
Durant les jours qui ont suivi, il s'est rendu dans différentes villes de l'est du pays, dont Ain Beida et Annaba pour participer à des réunions avec la Coordination des Chômeurs, des membres de la Ligue Algérienne des droits de l'homme (LADDH) et des militants de l'Observatoire Algérien des Droits de l'Homme.
A chacun de ses déplacements les agents des services de sécurité qui le suivaient dans plusieurs véhicules, ne faisaient même plus le moindre effort de discrétion.
Les intimidations dont il fait l'objet ont de toute évidence pour but essentiel de l'empêcher d'exercer ses activités de défenseur des droits de l'homme et son droit de réunion pacifique, droits pourtant garantis par la Constitution du pays.
Alkarama est donc aujourd'hui extrêmement préoccupés par ces atteintes aux activités d'un des rares défenseurs des droits de l'homme encore actif dans le pays en dépit de toutes les pressions et contraintes qu'il rencontre dans ses activités quotidiennes. Nous tenons à rappeler aux autorités algériennes leurs obligations internationales en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel l'Algérie est partie et de ne pas entraver les activités des défenseurs des droits de l'homme.