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Alkarama for Human Rights, 9 juin 2007

Dr Said Ben Zair, âgé de 56 ans, professeur des sciences de l’information à l’université de Ryadh, a été arrêté le 6 juin 2007 à Riyad. Il est une personnalité connue dans le pays pour son esprit d’indépendance et ses prises de position publiques au sujet de la nécessité de réformes institutionnelles dans le pays ainsi que son soutien au mouvement des réformateurs. 
Moins de deux mois après l’arrestation de son fils Saad Ben Zair, avocat et défenseur des droits de l’homme, les services du ministère de l’intérieur l'ont arrêté à un point de contrôle routier à l’entrée de la ville de Riyad. Le Dr Ben Zair revenait de La Mecque où il venait d’accomplir le pèlerinage de Omra avec son autre fils Mubarek Ben Zair.

Dr Ben Zair a été emprisonné plusieurs fois, sans jugement et sans avoir jamais fait l’objet de poursuites légales, une première fois pendant plus de 08 années, du 05 mars 1995 au 24 mars 2003.

A sa libération, il a continué à participer à des débats publics sur la situation politique dans la région et en Arabie Saoudite en particulier, raison pour laquelle Il a été arrêté une seconde fois le 20 avril 2004, après avoir donné une interview à Al Jazeera le 15 avril 2004.

A la suite de son arrestation, il a été détenu au secret pendant plusieurs mois sans possibilité de recevoir la visite de membres de sa famille.
Il n’a jamais été autorisé non plus à constituer un avocat pour le défendre.

Le Dr B. Zair a été condamné à 05 années de réclusion criminelle le 19 septembre 2004 à la suite d’un procès inéquitable au cours duquel aucun de ses droits fondamentaux n’a été respecté. Il n’a jamais eu accès au dossier de l’accusation ni pu bénéficier d’un avocat pour l’assister le jour de son jugement. Les autorités ont refusé la constitution de l'avocat sollicité par la famille de l’accusé, Me Al Rashoudy, aujourd’hui lui-même en détention (communiqué du 21 février 2007).

Son fils Saad, avocat et militant des droits de l’homme, qui s’était également constitué pour l’assister pendant la procédure a été arrêté et détenu dans la même prison.

Le Dr B. Zair a été condamné, selon les motifs avancés par le juge, en raison de ses opinions jugées « dissidentes » et « non conformes ».

Au prononcé du verdict le juge lui a déclaré : «  Je te condamne pour les raisons suivantes» récapitulant ainsi les motifs de sa décision :
« Tu parles de ce qui ne te regardes pas et tes paroles éveillent la discorde et sèment les graines de la division et de la dissension entre les gens ».
« Tes paroles sont empreintes de mauvaise foi ».
« Tu ne mentionnes pas les bienfaits de l’Etat dans tes interventions » (publiques, dans les médias étrangers).
« Tes insultes envers les services de renseignement ».
« Tu ne donnes pas tes conseils dans la discrétion ».
« Tu déclares que les gens ne sont pas présentés devant la justice et tu as parlé de l’injustice dans les prisons ».
« Tes provocations ».
« Tu as donné une mauvaise réputation au pays ».
« Tu ne respectes pas la Djamaa » (NDT tu as des opinions dissidentes)
« Tu as trompé les gouvernants et tu t’es révolté contre eux ».

Alkarama avait soumis le cas du Dr Said b. Zair au Groupe de travail sur la détention arbitraire dès le 08 juillet 2004 ainsi qu’au rapporteur spécial sur la liberté d’expression le 21 octobre suivant et sollicité l’intervention urgente du Haut commissaire aux droits de l’homme après son procès.

Le groupe de travail avait classé son cas le 29 août 2005 ( avis N°22/2005 ) après l'annonce de sa libération par le gouvernement d’Arabie Saoudite le 8 août 2005 en vertu d’un décret royal d’amnistie promulgué ce jour-là.

La famille du Dr Ben Zair ignore les raisons de cette nouvelle arrestation, son fils Mubarek Ben Zairqui l’accompagnait a rapporté que les agents qui l’ont arrêté n’ont pas présenté de mandat de justice et ne lui ont pas fourni de raison pour cette arrestation.

Il ne fait pas de doute que cette nouvelle arrestation du Dr Ben Zair et son actuelle détention au secret ont un caractère arbitraire et constituent une fois de plus une violation de ses droits fondamentaux.

Pour cette raison, notre organisation qui rappelle que le Royaume d’Arabie Saoudite s’est engagé à respecter les droits fondamentaux de ses citoyens lors de la présentation de sa candidature pour siéger au Conseil des droits de l’homme ne manquera pas une fois de plus de soumettre le cas de Dr. Ben Zair aux mécanismes onusiens compétents.