Yémen: Jamal Al-Badawi en grève de la faim depuis 21 jours à la prison de la Sûreté de l'Etat

Jamal Al-Badawi a entamé une grève de la faim illimitée il y a vingt-et-un jours à la prison de la Sûreté de l'Etat à Sanaa pour protester contre le fait que les autorités n'ont pas tenu leur promesse de le libérer. Alkarama a appris que son état de santé continue de se détériorer progressivement.

La famille de Jamal Al-Badawi a dit à notre représentant au Yémen qu'elle avait été en mesure de lui rendre visite à la prison de la Sûreté de l'Etat trois fois au cours de la semaine dernière. Pendant plusieurs semaines consécutives, sa famille n'avait pas pu obtenir de droit de visite. Les proches de la victime ont dit que Jamal, en grève de la faim depuis le 14 septembre 2010, se trouvait dans un état de santé critique.

La famille a révélé que les autorités yéménites avaient autorisé Jamal Al-Badawi à rencontrer le président Ali Abdallah Salih le 30 août 2010, lequel lui avait promis de le libérer le jour de l'Aïd El-Fitr (le 9 septembre 2010). Jamal n'a toujours pas été libéré.

Alkarama appelle les autorités yéménites à ordonner la libération de Jamal Al-Badawi et partage les inquiétudes de sa famille pour la vie de Jamel dont l'état de santé est actuellement très précaire en raison des semaines passées en détention et de sa grève de la faim.

Jamal Muhammad Muhammad Ali Al-Badawi est né en 1964 à Mukayras à Aden. Il a été placé en détention plusieurs fois et accusé d'avoir participé aux attaques contre l'USS Cole, navire de guerre de la marine américaine, dans le port d'Aden en 2000.

Selon la famille de la victime, Jamal a été victime de mauvais traitements en détention et a été blessé par balles lors de l'une de ses arrestations par les forces de la Sûreté de l'Etat. La cour pénale spécialisée dans les affaires touchant à la « sûreté de l'Etat » a délivré son verdict le 29 septembre 2005: Jamal allait être exécuté. La cour a ensuite modifié cette peine et a condamné la victime à quinze années de prison. Les avocats de Jamal considèrent son procès comme inéquitable. Selon des défenseurs des droits de l'homme, la condamnation prononcée contre Jamal résulte de pressions américaines sur les autorités yéménites. M. Al-Badawi figure en effet sur une des "listes noires" établies par l'administration US.

En février 2006, Jamal Al-Badawi ainsi qu'un groupe de vingt-trois détenus de la prison de la Sûreté de l'Etat de Sanaa avaient réussi à s'échapper du centre de détention par un tunnel souterrain qu'ils avaient creusé à la main. Cependant, Badawi est revenu et s'est rendu aux autorités mi-octobre 2007. On lui avait promis qu'il ne serait pas placé en détention s'il agissait ainsi. Le président lui avait aussi promis qu'il lui accorderait son pardon/sa grâce/une amnistie.

Jamal Al-Badawi a été libéré immédiatement après s'être rendu et a été placé en résidence surveillée à Aden. Décision qui n'a pas manqué d'être critiquée par Washington. Les Etats-Unis, qui avaient promis une récompense de 5 millions de dollars américains pour quiconque leur fournirait des informations permettant d'arrêter Jamal, ont fait pression sur les autorités yéménites pour qu'elles reviennent sur leur décision. Une semaine après la libération de la victime, les autorités ont cédé aux pressions outre-atlantique et ont ordonné à nouveau la mise en détention de Jamal.

Depuis, Jamal Al-Badawi est détenu à la prison de la Sûreté de l'Etat dans l'attente de l'amnistie promise alors que sa famille se trouve dans des conditions très difficiles aussi bien sur le plan psychologique qu'économique.

Alkarama prévoit d'attirer l'attention du Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l'homme dans la lutte antiterroriste sur cette affaire afin qu'il examine les abus et les violations commis par les autorités yéménites contre ses citoyens sous couvert de lutte antiterroriste.