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Communiqué de l'Association des familles des disparus forcés de Constantine

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La journée internationale des personnes disparues qui a lieu tous les 30 août avec le soutien de l'ONU coïncide cette année avec la fête de la fin du Ramadan, l'Aid El-Fitr. Les familles des victimes de disparitions forcées dont certains essaient d'achconsceter le silence avec un dédommagement financier, se sont réunies hier devant le bureau du wali de Constantine afin de rappeler aux autorités locales, au chef de l'Etat ainsi qu'à toutes les consciences vives et loyales de ce pays, l'étendue de la douleur qui afflige ces mères, ces épouses et ces enfants depuis plus de dix-huit ans.

En cette période de fêtes et de célébrations religieuses, à l'heure où l'on rend visite aux proches, où l'on se rend sur les tombes des defunts et où l'on récite la Fatiha, la première sourate du Coran, en leur mémoire, les familles de victimes de disparitions forcées doivent faire face à une série de questions sans réponse.


Où sont-ils, nos fils, disparus par milliers, et que le pouvoir a reconnus comme tels lors d'une conférence donnée devant les familles ? Pour quelle raison légale et morale ont-ils disparu ? S'ils ont enfreint la loi, pourquoi ne sont-ils pas alors détenus comme prisonniers d'opinion ? Pourquoi n'a-t-on pas informé les familles des chefs d'accusation si les pères, les époux ou les fils étaient considérés comme des criminels? Pourquoi ne les a-t-on pas informées des résultats des jugements, ce qui leur aurait permis par la suite d'engager d'autres procédures légales ? Et s'ils sont décédés, où sont-ils alors ? Sont-ils morts pendant leur sommeil ? Sont-ils morts sous la torture? Ont-ils été tués un par un ou massivement ? Ont-ils été enterrés vivants ? Où ? Quand ? Ou bien certains d'entre eux, sous l'effet de mauvaises conditions de détention, ont-ils perdu la raison ? Ils auraient été alors libérés, et peut-être errent-ils aujourd'hui dans les rues, sans savoir qui ils sont ni où ils vont.


La quête de ces familles est légitime. Elles font preuve d'un grand courage, et mettent toute leur âme pour faire éclater la vérité sur les conditions de séquestration ou sur la mort de leurs proches. Elles ne peuvent cependant se résoudre à comprendre ni à accepter les dissimulations, les mensonges et même les tentatives de corruption qui visent à les écarter de ces affaires. Toutes ces manœuvres qui ont conduit, après plus de cinq années, à l'échec de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale.


C'est pour toutes ces raisons que les familles rassemblées se sont aujourd'hui tournées vers le wali de Constantine, afin qu'il alerte les plus hautes personnalités de l'Etat, notamment le ministre de l'Intérieur, le ministre de la Justice ainsi que le Président de la République. Elles exigent l'ouverture d'une enquête juste sur les circonstances qui ont conduit à la disparition de leurs proches, afin que toute la lumière soit faite et que s'instaure un dialogue sain et sincère.


Ces familles s'engagent également à apporter leur soutien, leur aide et la coordination nécessaires à toutes les parties concernées, pour que soient définitivement réglé le dossier des disparitions forcées. Il est inacceptable de laisser le temps effacer les traces et les souvenirs des disparus.
Les familles appellent donc toutes les consciences vives et loyales de ce pays à les rejoindre, à les soutenir dans leur lutte continue pour la vérité et la justice, afin que les générations futures ne connaissent pas de telles tragédies. Afin que nous tournions, sans jamais y revenir, cette page sanglante de l'histoire de notre pays.