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Alkarama for Human Rights, 6 décembre 2007

Alkarama for Human Rights et l'Association des familles de disparus forcés de Constantine ont une nouvelle fois soumis au Groupe de travail sur les disparitions forcées 184 cas . Le 22 septembre 2005 déjà , les deux organisations lui avaient communiqué 672 cas de personnes disparues après avoir été enlevée par des membres de services de sécurité algériens (Département de Recherche et de Sécurité - DRS-, Gendarmerie nationale et Police).

Tous les cas présentés à ce jour, 856 au total, ont été documentés par l'Association des familles de disparus forcés de Constantine ( Ex. CNFD) , association non reconnue par les autorités qui reste particulièrement active et engagée pour la défense du droit à la Vérité et à la Justice.

A ce jour, aucune des familles des disparus n'a reçu d'informations sur le sort de leurs proches, aucune enquête n'a jamais été ouverte à la suite des plaintes et démarches qu'elles ont effectuées, et, bien que les auteurs et les commanditaires de ces crimes soient connus, aucun d'eux n'a jamais été poursuivi ou inquiété.

Après plusieurs années de déni, le gouvernement algérien a fini par reconnaître l'existence de disparitions forcées attribuées à ses agents tout en prétendant cependant que ceux-ci n'avaient agi que d'une manière individuelle, selon la formule d'usage : " l'Etat est responsable mais non coupable ".

L'ordonnance n°6/01 du 27 février 2006 portant " mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale " prétend mettre un point final à la question des disparitions forcées en Algérie en interdisant définitivement toute plainte contre les auteurs de crimes et en menaçant d'emprisonnement quiconque serait tenté " de nuire à leur honorabilité ", établissant ainsi une impunité totale et généralisée.

Les autorités ont institué parallèlement une vaste campagne pour contraindre les familles des victimes à accepter une indemnisation. Cette campagne vise en particulier les plus pauvres d'entre elles. Même si certaines des familles ont accepté par nécessité les propositions des autorités, elles continuent cependant à revendiquer que la vérité soit faite sur le sort de leurs proches et que les responsables soient jugés.

A ce titre, l'Association des familles de disparus forcés de Constantine (AFDFC) organise des sit-in hebdomadaires devant le siège des autorités locales, en dépit des pressions et menaces dont ses membres font périodiquement l'objet.

Devant le déni persistant des autorités algériennes qui refusent de restituer les corps des victimes si elles sont décédées ou de révéler le lieu où elles ont été enterrées, les familles de disparus n'ont d'autre choix que de s'adresser encore une fois au Groupe de travail.

Nous rappelons que le Comité des droits de l'homme de l'ONU a examiné le rapport périodique algérien en octobre 2007. Lors des débats, l'un des experts du Comité, Sir Nigel Rodley, a qualifié de " crimes contre l'humanité " les graves violations des droits de l'homme commises en Algérie, notamment les milliers d'enlèvements et de décès. Il considère qu'il y a là une " pratique systématique ".

Le 1er novembre le Comité a rendu ses observations finales dans lesquelles il conseille d'engager des enquêtes afin d'établir les circonstances de la disparition, d'engager la libération du détenu en cas d'incarcération ou de révéler le lieu et la cause du décès éventuel, ainsi que de remettre le corps à la famille. L'organe onusien considère qu'il est indispensable de prouver les responsabilités pour ces disparitions forcées, de poursuivre et de condamner les coupables.