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Portraits de journalistes incarcérés brandis à bout de bras et banderoles déployées dans un silence solennel.... Le syndicat des journalistes et le bureau d'Alkarama à Sanaa ont organisé aujourd'hui une marche symbolique pour protester contre la répression qui s'abat sur les journalistes dans le pays, et en particulier contre la détention de trois d'entre eux : Abdallah Haydar Shai', Muhammad Sharfi, et le cameraman Ahmad Firas. Tous ont été arrêtés pour leurs activités militantes en faveur de la libre diffusion des informations et de la liberté de la presse.


Le journaliste Abdallah Haydar Shai' a été arrêté à son domicile le 16 août 2010 par un important dispositif de forces de sécurité. En cause, son rôle dans la révélation du scandale impliquant le gouvernement du président Saleh et l'armée américaine dans le massacre de dizaines de civils yéménites, lors du bombardement américain qui visait la région de Saadda/d'Adda, fin 2009. Cela fait un an qu'il est arbitrairement détenu à la prison de la sûreté politique à Sanaa, la capitale du Yémen. Il dénonce les violations et les procédures arbitraires dont il a été victime, à commencer par sa disparition forcée. Il a d'abord été arrêté puis détenu 35 jours dans un centre secret dépendant des services de renseignements. Il dit y avoir été torturé et avoir subi des mauvais traitements. Il a été ensuite condamné le 18 janvier suite à un procès inéquitable, sur la base de l'article sur « le travail de désinformation au profit d'une organisation terroriste », article fréquemment utilisé par le régime dans les procès des journalistes et des défenseurs des droits de l'homme. Le tribunal pénal spécialisé dans les questions de terrorisme et de sécurité de l'Etat a requis contre Haydar Shai' une peine de cinq ans de prison, à laquelle s'ajoute une assignation à résidence de deux ans.

Les mouvements de protestation et les appels urgents lancés au gouvernement yéménite quant à la situation de M. Shai', ainsi que les prises de position de l'Ambassade américaine à Sanaa n'ont pour l'instant pas donné de résultat. Alkarama a par ailleurs soumis des appels urgents au Comité contre la torture pour qu'il intervienne auprès des autorités yéménites.

Ahmad Firas, caméraman pour la chaîne satellitaire d'opposition Sahil, a quant à lui été enlevé le 12 août 2011, par les forces militaires du gouvernement d'Ali Abdallah Saleh. Il a été arrêté à un barrage installé récemment près de l'aéroport international de Sanaa, avec sa mère, son épouse et son fils. Ils ont ensuite été emmenés à la base militaire d'Al-Daylami, près de l'aéroport. La famille du cameraman a été libérée mais lui reste en détention pour les besoins d'une enquête ouverte contre lui par les services du ministère de l'Intérieur.

Un rapport du syndicat des journalistes du Yémen fait état de la situation préoccupante de la presse dans le pays pour la première moitié de l'année 2011. Le Secrétaire de la Commission des Libertés du syndicat, Said Ashraf Arraifi, affirme cependant que la répression et les attaques qui visent les journalistes et la société civile ne sauraient avoir raison des revendications des journalistes et des défenseurs des droits de l'homme. Il réitère leur détermination à poursuivre leur mouvement pour exiger la libération de l'ensemble des personnes arbitrairement détenues, l'arrêt des persécutions, des intimidations et des arrestations dont font l'objet les journalistes, ainsi que la chute du système clanique et de la dictature ainsi que l'avènement d'une ère de justice dans un Etat de droit. Les journalistes continueront leur lutte pour parvenir à diffuser les informations en dépit des menaces et des dangers.

Alkarama précise qu'elle a soumis de nombreuses plaintes aux organes compétents des Nations Unies concernant la situation de la presse et des journalistes au Yémen. La fondation rappelle également au gouvernement yéménite ses obligations en vertu de la législation internationale, et en premier lieu l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme qui stipule : « Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit. »